Ladykillers
Cinéma / Critique - écrit par Selena, le 15/06/2004 (Tags : film coen ladykillers comedie freres tom hanks
Chefs de la bande : Joel & Ethan Coen dits les Coen Bros
Mobile : Le professeur Goldthwait Higginson Dorr (Tom Hanks) réunit une bande de "bras cassés" pour le casse de la caisse d'un casino flottant.
Quartier Général : la cave d'une vieille dame dévote (Irma P. Hall)
Alibi :les malfrats s'adonneraient à la musique spirituelle de la Renaissance
Boulettes : les boulets recrutés (Marlon Wayans, J.K. Simmons, Tzi Ma, Ryan Hurst) et une boule de nerfs pieuse.
Après un guilleret hommage aux comédies sentimentales de l'âge d'or d'Hollywood avec Intolérable Cruauté, les frères Coen s'essayent au film de casse rétro teinté de noire comédie, remaniant à leur sauce l'histoire so british de Ladykillers, film réalisé par Alexander Mackendrick en 1955 avec Alec Guinness et Peter Sellers. Les Coen savent avec saveur ciseler des dialogues jubilatoires, poser une ambiance unique et croquer des personnages atypiques et attachants.
Ici, direction le Sud profond des Etats-Unis comme on se l'imagine dans les années 50 et pour accompagner la balade chez les gentils bouzeux du coin : une accueillante bande originale dominée par un gospel endiablé, ou tout du moins divinement euphorisant.
Le match du jour : une bonne vieille mamma veuve de son état, et brebis mordante de Dieu face à un professeur à la mielleuse logorrhée de dandy érudit. Irma P. Hall (Prix du jury à Cannes) et Tom Hanks interprètent avec panache ces personnages hauts en couleurs et en verve. Tom Hanks en professeur apprêté du XIXe siècle prouve encore une fois sa virtuosité d'acteur et offre un show à la hauteur de son talent de comédien sous-exploité. Son verbiage, son retroussement de babine, son rire de chèvre sorti d'on ne sait où : la composition du personnage est hors pair.
Les seconds rôles, comme toujours chez les Coen, ont des rôles en or. Ryan Hurst/Lump, homme de main benêt et candide sorti tout droit des Happy Days, Tzi Ma/le Général revêtit l'uniforme d'un ex-officier indochinois taciturne mais à l'à-propos percutant, J.K. Simmons/Garth Pancake campe un personnage genre années 30, artificier gaffeur, ringard et irritable (surtout du colon), enfin: Marlon Wayans (Scream Movie)/Gawain l'agent infiltré de l'équipe, se la joue "hop hop" en tête à claques de la banlieue américaine à la gouaille très moderne.
Autant de styles différents qui détonnent et étonnent sans cesse, grâce à la loufoquerie toute cartoonesque qu'ont insufflée les Coen Bros dans leur film. Seuls bémols : une certaine conventionalité, quelques longueurs et un égarement scato passager sont à regretter.
Du film de casse, on part en vrille dans la comédie grinçante et décalée avec cette folie douce que les Coen aiment tant distiller dans leurs films. Ladykillers n'est peut-être pas un grand film des Coen, mais c'est (toujours) un réel plaisir d'entendre (tant pour les dialogues -en VO bien sûr- que la musique), de voir et savourer une fantaisie coenesque.