L'Illusionniste - 2006
Cinéma / Critique - écrit par Nicolas, le 17/01/2007 (Edward se fait de la Biel
La magie a la cote, vous ne trouvez pas ? Deux réalisateurs emblématiques, Christopher Nolan et Woody Allen, ont déjà abordé le sujet en 2006, et c'est au tour de Neil Burger (premier film de sa filmographie) de croquer un bout du gâteau. D'une production plus ou moins modeste, L'Illusionniste serait certainement passé inaperçu sans la présence en tête d'affiche d'Edward Norton, un gage de qualité, épaulé par Jessica Biel, Paul Giamatti, et Rufus Sewell.
Au début du XIXème siècle, à Vienne, le monde de la magie est soufflé par les tours absolument incroyables de Eisenheim L'Illusionniste (Edward Norton). Même le prince Leopold (Rufus Sewell) ne parvient pas à dénicher l'astuce malgré ses efforts répétés et un esprit pragmatique solide comme un roc. Ce qui est d'abord une curiosité deviendra bientôt un affront que le prince devra étouffer, au moment
même où sa promise, Sophie (Jessica Biel), s'éprend de Eisenheim qu'elle reconnaît comme un ami d'enfance...
Illusionniste ? Vous plaisantez ? Les prestations offertes par l'énigmatique Eisenheim tiennent davantage des sortilèges de bases d'un Gandalf plutôt que des petites mécaniques imaginées par Angier et Borden dans Le Prestige ! L'histoire de L'Illusionniste n'a certes pas les mêmes prétentions que celle de son homologue cinématographique, même si en bout de course le résultat demeure identique : un point final en forme de twist abracadabrantesque où le spectateur se retrouve berné par les enchevêtrements d'un scénario bien pensé. L'illusion perpétrée par L'Illusionniste n'est cependant pas parfaite, loin de là : le budget un peu limité semble crier famine quand l'histoire réclame des effets spéciaux (intervenant à quasiment chaque tour de magie), et l'intrigue principale demeure relativement simpliste. Pourtant, le doute persiste : véritable magicien ou charlatan de premier ordre ? Rien ne sera laissé au hasard avant le bouquet final, même si le feu d'artifice se fera en deux temps. D'abord, l'incrédulité des têtes bien pensantes envers la nouvelle magie si "spéciale" (aucun des tours ne trouvera d'explication véritablement rationnelle) du jeune Eisenhem ; puis une amourette un peu toc doublée d'une enquête policière. Oui, L'Illusionniste s'appuie avant tout
sur une romance aussi éventée que peut l'être le tour de la femme coupée en deux, une petite histoire d'amour tellement simplifiée que l'on se détourne volontiers du couple de tourtereaux pour s'intéresser aux personnages secondaires : par exemple, un petit inspecteur-chef campé merveilleusement bien par Paul Giamatti, ou une petite ordure de prince empruntant les traits du serial-bad-guy Rufus Sewell. Edward Norton affiche comme à son habitude une grande aisance à incarner l'ambiguïté nécessaire au personnage, tandis que Jessica Biel fait presque de la figuration amoureuse. Les autres aspects du film font dans le classique, comme cette réalisation sans grande inventivité mais aussi propre que bien rythmé, ou cette photographie un peu fade.
Grande illusion ou vaste ruse ? A deux contre un, Christian Bale et Hugh Jackmann remportent haut la main le duel de magie, même si le spectacle de Norton sait se faire apprécier. Prenant bien qu'un peu creux, aussi ambiguë qu'abracadabrantesque, l'histoire racontée dans L'Illusionniste charme dans sa première partie pour ensuite affaisser son régime dans sa seconde, tournée vers une romance pas franchement captivante.