Mon idole
Cinéma / Critique - écrit par Nicolas, le 03/01/2003 (Tags : idole guillaume canet film bastien comedie broustal
Fan de.
Tournant d'une carrière déjà bien implantée dans le cinéma français, Guillaume Canet passe au film d'auteur, devant et derrière la caméra, après avoir planché de longues heures sur son scénario. Sa cible : le monde audiovisuel, à travers les dérives engendrées la télé-réalité. Coup d'essai, mélange évident de plusieurs genres, passant de la pure comédie à la satire un peu macabre, pour finalement aboutir sur une question : Jusqu'où peut-on aller pour réussir.. ?
Eternellement cantonné à son rôle de chauffeur de salles (et accessoirement souffleur) d'un reality show immonde, sorte de Jerry Springer's show à la française, Bastien (Guillaume Canet) ne rêve que d'une chose : crever l'écran avec son émission. Un concept qui semble faire mouche chez le producteur, Broustal (François Berléand), qui reconnaît du talent dans les yeux du gamin. Le mécène lui propose sur ce de passer un week-end à la campagne, histoire de peaufiner au grand air les lignes un peu floue de cette nouvelle bombe de reality show...
D'un jouissif parallèle à toutes ces émissions du genre de C'est mon Choix, Vis Ma Vie, etc. Guillaume Canet prend son scénario à contre pied pour se rôder dans la comédie. En la nettoyant des aspects superficiels (tel la petite amie de Bastien, jouée par une Clothilde Coureau étincelante par son absence), l'histoire se résumerait ainsi : Pour accéder à son rêve, un jeune naïf est contraint de jouer les bouffons auprès de son patron. Avec compensation, bien évidemment, que ce soit monétaire ou en nature (par exemple joujou sexuel de la jeune compagne du producteur). Sympa l'idée. Surtout que Guillaume Canet l'exploite de la meilleure façon qu'il a pu trouver, que ce soit en tant qu'acteur qu'en réalisateur. Mais la comédie attire le rire principalement grâce à la prestation de François Berléand, une véritable ordure de producteur un peu versatile, cinglant à tout va de réparties sifflantes et de réactions démesurées. Un personnage haut en couleur, qui obstrue complètement l'étoffe d'un Canet pourtant surprenant de justesse (cela n'a pas tout le temps été le cas), et d'une Diane Kruger irradiante. Mais un si beau tableau ne pouvait durer éternellement. Dans ses premiers pas de réalisateur, Canet joue la carte du classique, tout en s'autorisant des petits effets de style plutôt moyens, complètement vides de sens. Et en tant qu'auteur, certaines scènes font un peu figure de remplissage, de deuxième couche, enfoncement du clou, appelez cela comme vous voulez, et change brusquement son fusil d'épaule en jetant son dévolu sur la comédie plus noire, flirtant avec un certain Bernie Noël. Pour enfin ré-aiguiller sur son thème principal, écrasant une partie du film pour ne garder que ce qu'il reste de plus inavouable.
Guillaume Canet passe ses premiers galons de réalisateur, par un film d'auteur plutôt réussi mais somme toute inégal, un manque de constance qui peut facilement rebuter. François Berléand, dans un rôle de pourri indéridable, contribue fortement à l'impact sur le public, prenant largement le pas sur toutes les autres têtes d'affiche, Canet compris.