The Grudge - 2004
Cinéma / Critique - écrit par Vincent.L, le 29/12/2004 (
The Grudge est le remake de la série des Ju-On (les téléfilms Ju-on: The Curse et Ju-on: The Curse 2, les films Ju-on: The Grudge et Ju-on: The Grudge 2). Ce film, produit par le désormais célèbre Sam Raimi (les Evil Dead, les Spiderman...) est donc encore une adaptation d'un film d'horreur japonais par les américains, après The Ring en 2002 (tiré des 3 films d'Hideo Nakata) et avant bientôt en 2005 Dark Water, The Ring Two (tous les deux aussi adapaptés des oeuvres de Nakata) et The Eye (tiré du film des frères Pang).
La première différence entre Ju-on: The Grudge et le remake The Grudge se trouve au niveau du scénario. Takashi Shimizu, qui en passant écrira et réalisera Ju-on: The Grudge 3 (le dernier de la série en version japonaise) n'est plus aux manettes de l'histoire, il est remplacé par le scénariste américain Stephen Susco. Alors que cela aurait pu être sans aucune importance, c'est au contraire la raison principale du ratage de ce remake.
Tout d'abord, Stephen Susco choisit d'expliquer on ne peut plus clairement les raisons de la malédiction au travers de nombreuses images flagrantes de démonstration comme la scène en noir et blanc ou encore la mort de la mère et du fils.
Ensuite, en mélangeant des éléments de Ju-on: The Grudge et Ju-on: The Grudge 2, le scénariste se perd totalement dans son effort d'adaptation, ce qui donne une quantité de non sens avec des suicides sans raison, des morts et du gore inutiles. De plus, de nombreux aspects du film original sont simplifiés (l'obsession, la trahison...) et plusieurs scènes et personnages sont supprimés comme par exemple toutes les scènes avec les étudiantes.
En étant moins systématiquement "Slasher" que les 2 films japonais, le remake perd tout rythme et dégage une phénoménale sensation de vide général et d'extrême platitude du scénario. Ainsi, on subit une quantité de scènes creuses et anécdotiques qui n'apportent rien au film et encore moins à la peur.
La peur d'ailleurs, est quasiment absente de ce remake. Comme dit précédemment, parce que tout nous est expliqué (trop) clairement. Mais aussi car les scènes sont moins bien jouées que dans les originaux par des américains peu crédibles. Plus encore, les moments d'épouvantes sont ratés: les crissements, les craquements, les coups de téléphone, les chats apparaissent particulièrement ridicules. Même la fameuse scène où Kayako descend des escaliers est manquée car le réalisateur s'y attarde trop et que l'on comprend que, sans aucunes raisons, Karen Davis (Sarah Michelle Gellar), ne mourra pas. Plus généralement, les montées de tension ne mènent à rien. De plus, le remake garde tous les défauts de l'original et principalement au travers du côté involontairement comique de Toshio avec son maquillage terriblement douteux.
Le casting, plutôt impressionnant pour tout amateur de fantastique qui se respècte, est sous exploité et fait tache dans un univers qui n'est pas le sien. La sexy et mignonne Sarah Michelle Gellar ne peut se démarquer de son rôle sans consistance, Jason Behr perd son air plaintif et ses oreilles décollées (cachées par des cheveux) qui le caractérisaient dans la série télévisée Roswell, Bill Pullman est a des lieues de l'intensité de son rôle dans Lost Highway et Grace Zabriskie, l'inoubliable mère de Laura Palmer dans Twin Peaks, joue sans conviction son rôle de mère dérangée. Seul Ted Raimi, le frère de Sam, parvient à nous étonner avec une glissade qui restera dans les annales du comique.
The Grudge est donc encore un remake raté. Comme pour celui de Ringu, les américains se contentent de reprendre des éléments marquants des films originaux pour les redisposer n'importe comment en les lissant et en leur faisant perdre tout leur force effrayante. The Grudge est d'autant plus un crime qu'à cause de sa nullité, la majorité des gens ne seront pas incités à se tourner vers les films originaux qui eux, valent largement le détour pour passer de réels moments d'épouvante.
Le remake du 2 est déjà prévu suite au succès rencontré par ce film aux USA. On peut donc s'attendre à un autre massacre des oeuvres originales...