8.5/10Georges Méliès, le premier magicien du cinéma (1896-1913) : Tout Méliès

/ Critique de dvd / blu-ray - écrit par riffhifi, le 20/09/2010
Notre verdict : 8.5/10 - Améliorès (Fiche technique)

Le coffret consacré l'an dernier aux films de Méliès ressort le 27 septembre, enrichi d'un DVD supplémentaire non négligeable. En tout, 200 courts métrages et un moyen métrage constituent ces 15 heures de découverte émerveillée.

Pour ceux qui auraient raté la sortie l'an dernier du coffret consacré à Georges Méliès par les éditions Lobster, mieux vaut ne pas se jeter dessus aujourd'hui, et patienter encore une semaine : après avoir sorti un DVD complémentaire il y a six mois sous le titre Méliès encore, Lobster
propose l'intégrale à partir du 27 septembre. 198 films couvrant la carrière du réalisateur de 1896 à 1913 : on ne fait pas plus exhaustif, étant donnée la disparition probable d'une partie des bobines de l'époque.

On avait déjà dit l'an dernier tout le bien qu'on pensait du premier coffret. Le DVD venu s'intercaler entre-temps mérite qu'on s'y arrête, car il contient son lot de pépites rares parmi les 23 films présentés : Les aventures de Robinson Crusoé (1902), bien qu'incomplètes, donnent un aperçu de la toute première adaptation du livre de Daniel Defoe ; Défense d'afficher (1896) a été retrouvé tout récemment et n'est rien moins que l'un des deux films les plus anciens de Méliès ; 200 000 lieues sous les mers (1907), avec son titre superlatif, constitue une surenchère cocasse sur Jules Verne, et présente des effets spéciaux qui préfigurent le style de Terry Gilliam ; L'hallucination de l'alchimiste (1897) déploie dès le début de la carrière du cinéaste un sens de l'imagerie aussi riche que la créativité en matière d'effets spéciaux ; et surtout Robert Macaire et Bertrand (1906), qui met en scène un duo de brigands poursuivis par une bande de gendarmes. Précurseurs surréalistes Le vitrail diabolique
Le vitrail diabolique
des Pieds Nickelés qui seront créés deux ans plus tard, Macaire et son comparse sont au départ des personnages de théâtre : on retrouve le premier dans Les enfants du Paradis, où il est joué sur scène par le personnage de Pierre Brasseur. On y trouve également le film le plus court de tout le coffret, Un peu de feu s'il-vous-plait (1903), qui dure tout juste 8 secondes ! Ces films redécouverts sur le tard, qui représentent environ 1h30 de programme, ont été rapatriés des quatre coins du monde : Hollande, Australie, USA, Nouvelle-Zélande, Angleterre, Italie, république tchèque, et bien entendu la France.

Comme si les 198 films de Big Georges ne suffisaient pas, le coffret est agrémenté de deux bonus chaudement recommandables : le moyen métrage de Georges Franju Le grand Méliès, et deux films de l'Espagnol Segundo de Chomón, contemporain et émule de Méliès.

On note enfin que, dans une ère où la plupart des éditeurs vidéo semblent avoir tourné le dos au concept de livret (dommage, d'ailleurs, de priver les acheteurs d'une des plus-values de l'objet DVD par rapport au téléchargement), Tout Méliès est au contraire assorti d'un fascicule de 42 pages, dans lequel on trouve un index détaillé des films, une explication du processus de restauration, un hommage rédigé par le cinéaste expérimental Norman McLaren et surtout un passionnant aperçu de la vie de Méliès rédigé par John Frazer en 1979. Pas de doute, cette édition est à ce jour l'hommage le plus complet qui existe à l'œuvre du cinéaste pionnier.