Georges Méliès, le premier magicien du cinéma (1896-1913) - DVD
Cinéma / Critique de dvd / blu-ray - écrit par riffhifi, le 15/03/2009 (Un coffret regroupant un maximum de films de Méliès en 5 DVD : l'occasion de redécouvrir la naissance des effets spéciaux, voire celle du cinéma. En bonus, on y trouve le moyen métrage Le grand Méliès de Georges Franju.
Impossible, lorsqu'on s'intéresse aux origines du cinéma, de ne pas faire un arrêt à la station Méliès. Immédiatement séduit par l'invention des frères Lumière, ce magicien professionnel, directeur du théâtre Robert Houdin, fit du cinématographe un divertissement inventif et magique, le faisant passer du statut de curiosité à celui d'art narratif et ludique. Découvrant presque par hasard l'effet de substitution, qui continua longtemps à faire le bonheur des spectateurs (jusqu'à Ma sorcière bien-aimée et au-delà), Georges Méliès s'ingénia dès 1896 à pousser la technique dans ses derniers retranchements pour montrer l'impossible (hommes qui marchent sur les murs, clonages instantanés) ou simplement raconter de belles histoires (Cendrillon). Les formats pouvaient varier du simple gag de quelques secondes à la narration complexe initiée en 1902 par Le voyage dans la Lune, et les sujets traités allaient
explorer aussi bien l'actualité (Le couronnement d'Edouard VII, L'affaire Dreyfus) que l'Histoire avec un grand H (Jeanne d'Arc) ou les classiques de la littérature et de la culture populaire (Gulliver, 20 000 lieues sous les mers, Les aventures du baron de Münchausen).
Les éditions Lobster Films, après avoir regroupé en un seul gros volume les différents volets de leur excellente collection Retour de flamme, sortent ce mois-ci le coffret 5 DVD définitif pour tout curieux de Méliès : 173 films, soit la quasi-totalité des œuvres du cinéaste ayant pu être retrouvées sur les 552 ayant été tournées, de la Partie de cartes de 1896 au Voyage de la famille Bourrichon en 1913. Sur 552 métrages datant d'une centaine d'années, ce n'est pas si mal. Classés par ordre chronologique, ils sont présentés à raison d'une trentaine de films par DVD, visibles d'une traites ou à la carte. Tous sont mis en musique, quinze sont en couleurs (coloriage d'époque bien entendu, effectué avec un pinceau et de la patience), et vingt-deux sont accompagnés d'un boniment déclamé par Anne Simon, Fabrice Zagury ou Serge Bromberg (hey folks, Cellulo sur la Cinquième, remember ?) ; il est également possible de les regarder sans boniment, simplement accompagnés de musique. Un livret retrace la vie et l'œuvre de Méliès : on aurait pu préférer un documentaire, comme celui de deux
heures que proposait arte video sur son DVD édité en 2001, mais la quantité des films présentés compense largement cette imperfection. Un dernier regret : que les films "importants" de Méliès (Le voyage dans la Lune) ne soient pas mis en avant, et que leur durée ne soit pas indiquée dans le menu.
Arrivé en bout de course en 1913, Georges Méliès disparut des mémoires pour n'être redécouvert que de nombreuses années plus tard, alors qu'il tenait un modeste magasin de jouets à Montparnasse. C'est ce que rappelle le moyen métrage réalisé en 1952 par Georges Franju : Le grand Méliès (30 minutes), présenté ici en ouverture du premier disque. Le spectacle que constitue au final ce coffret est un véritable voyage dans le temps, avec ses treize heures de projection enchanteresses. Malgré l'aspect forcément répétitif que présentent certaines bandes, les pelletées d'idées du vieux maître sont encore aujourd'hui une source d'émerveillement et d'inspiration.