La fille de Monaco
Cinéma / Critique - écrit par riffhifi, le 22/08/2008 (La présentatrice météo Louise Bourgoin passe au cinéma... L'actrice convainc, ses partenaires aussi, le scénario moins. Mais il fait beau à Monaco.
Louise Bourgoin fait parler d'elle depuis quelque temps : chargée de présenter la météo sur Canal+, elle a pris l'habitude d'enluminer (certains disent d'illuminer) les prévisions triviales de soleil ou de pluie à l'aide de blagues, de chansons et autres fantaisies qui réjouissent les spectateurs. Née le même jour que notre ami knackimax (je balance), elle fait aujourd'hui ses débuts au cinéma dans le rôle... d'une présentatrice météo. On espère tout de même que le personnage qu'elle incarne soit relativement éloigné de sa propre personnalité, et on profite de l'occasion pour signaler que son vrai prénom n'est pas Louise mais Ariane.
Bertrand Beauvois (Fabrice Luchini) est un avocat d'âge mûr, chargé de la défense d'une cliente dans une affaire compliquée. Il se retrouve à Monaco, flanqué d'un garde du corps (Roschdy Zem) dont il ne sait que faire, et rencontre Audrey
J'aime beaucoup vos... boucles d'oreilles...(Louise Bourgoin), une présentatrice météo culottée (enfin ça dépend) qui fait de nombreux dégâts chez les hommes qui l'approchent...
Anne Fontaine, réalisatrice de Nettoyage à sec, est douée pour peindre les personnages, avec leurs complexités et leurs vulnérabilités. Ici, le personnage principal est incarné par un Luchini verbeux et maniéré (comme presque toujours), qui se croit à l'abri de tout par la nature même de son métier : il défend les autres, pourquoi ne pourrait-il pas se défendre lui-même ? Pourtant, il se voit imposer un garde du corps, qu'il juge inutile et encombrant. Et malgré cette double protection, il se fera dévorer jusqu'à l'os par un petit bout de femme d'apparence inoffensive. Son personnage apparaît finalement si faible, si plaintif qu'il finit par ne plus susciter l'empathie voulue. Au lieu de cela, il cède la place aux deux personnages prétendument secondaires, autrement plus intéressants et interprétés de façon plus convaincante (Luchini semble parfois presque absent). D'un côté, bien entendu, l'affolante Louise Bourgoin s'exhibe dans les tenues les plus provocantes, faisant monter la température de la salle d'une dizaine de degrés à chaque apparition ; sensuelle et ingénue, vulgaire mais irrésistible, elle dégage un charme évident qui rend son personnage instantanément crédible. Mais l'élément le plus remarquable du trio, contre toute attente, est Roschdy Zem : transcendant son rôle de fantôme mutique, il impose une présence massive toute en retenue, formant à la fois un contrepoint
"Si vous pouviez arrêter de regarder
toujours dans la même direction que moi...
C'est agaçant, vous savez."parfait à la volubilité de Fabrice Luchini et une aura de force tranquille qui n'est pas sans rappeler celle d'un Forest Whitaker (la paupière légèrement tombante n'est peut-être pas étrangère à cette impression). Entre deux « sécurisations de périmètre », le moindre sentiment qui perce la carapace de self-control de son personnage possède une intensité décuplée par sa rareté.
Hélas, ce trio intelligemment posé n'évolue pas dans un scénario de très haut vol : aucun lien entre les deux intrigues principales, quelques longueurs et répétitions, et surtout une fin épouvantablement laborieuse et inutile, qui vient gâcher une scène superbe d'intensité que l'on aurait aimé être la dernière. Bref, le bilan est mi-figue mi-raisin pour ce film qui vaut surtout par ses acteurs. On n'a aucune peine à comprendre que Joann Sfar, bédétiste passé derrière la caméra, ait choisi Louise Bourgoin pour incarner Brigitte Bardot dans sa biographie de Serge Gainsbourg...