8/10Fantastic Mr. Fox

/ Critique - écrit par riffhifi, le 02/01/2011
Notre verdict : 8/10 - Renart plastique (Fiche technique)

Tags : film fox anderson fantastic animation wes renard

Roald Dahl adapté par Wes Anderson en animation vieillotte, c'est un plaisir au charme intemporel, aussi amusant qu'émouvant. La version originale permet de profiter d'une brochette de voix célèbres : George Clooney, Meryl Streep, Bill Murray...

 

Le renard, par tradition, est un animal rusé et malicieux, sympathique et espiègle. Dès le XIIème siècle, Le Roman de Renart met en scène un Goupil dont on parle encore aujourd'hui (en 2005, on en produisait encore une adaptation animée), et La Fontaine utilisa l'animal dans plus d'une fable pour illustrer la malice et l'ingéniosité ; le justicier Zorro porte le nom espagnol du renard, et Roald Dahl signe en 1970 un roman pour enfants appelé Fantastique Maître Renard. C'est ce
dernier que
Wes Anderson porte ici à l'écran, s'essayant pour la première fois au film d'animation après avoir réalisé Rushmore, La famille Tenenbaum, La vie aquatique et A bord du Darjeeling Limited.

Fantastique Maître Renard, dont le sobriquet est aussi court que modeste, a promis à sa femme de laisser derrière lui son passé de voleur de poules à la naissance de leur enfant. Pourtant, lorsque la petite famille s'installe à proximité de trois fermes détenues par les plus impitoyables fermiers de la région, Renard craque et repart en chasse...

Pour filmer les aventures d'une galerie de personnages essentiellement animalière, il était logique de se tourner vers l'animation : tant mieux, les adaptations live des contes de Roald Dahl ont rarement fait l'unanimité (les deux versions de Charlie et la chocolaterie, le Matilda de Danny de Vito), alors que James et la pêche géante réalisé par Henry Selick en 1996 capturait efficacement la magie de l'auteur. C'est donc vers Selick que se tourne Wes Anderson dès 2004 pour animer sa version de Fantastic Mr Fox : malheureusement, le projet traîne, et l'animateur préfère finalement se consacrer à un projet qu'il pourra signer de son nom (Coraline) plutôt que de se faire phagocyter par un cinéaste célèbre (comme ce fut le cas avec Tim Burton sur L'étrange Noël de M. Jack). Il est alors remplacé par Mark Gustafson,
qui œuvre dans l'animation stop-motion depuis une vingtaine d'années. Le parti-pris est de repousser au maximum l'intrusion du numérique, et d'imposer au contraire une technique image-par-image délibérément peu fluide, avec un ratio de 12 images par seconde au lieu de 24. Le résultat n'apparaît pas pour autant rudimentaire, ni excessivement daté, mais agréablement artisanal. Les textures sont presque palpables, les personnages ont une véritable présence "physique", et les décors sont de petits bijoux d'inventivité et de poésie.

Le conte d'Anderson

Bien qu'Anderson n'ait pas mis la main à la pâte lui-même (il dirigeait même les équipes à distance par moments, en leur envoyant des messages par iPhone), et qu'il faille sans doute attribuer au plus anonyme Gustafson une grande part de la réussite visuelle du film, on reconnaît en revanche sa patte à travers l'intrigue et le ton du film, faits de relations familiales compliquées, d'émotions difficilement exprimées... La bande-originale est une nouvelle fois bardée de standards revigorant des années 60 (les Beatles, les Rolling Stones, les Beach Boys), et les stars vocales George Clooney et Meryl Streep sont entourées d'habitués du réalisateur (Bill Murray, Owen Wilson). Le même mélange de douceur et de fantaisie flotte ici que dans ses précédents films, et le côté familial du spectacle n'en fait pas pour autant une œuvre spécifiquement destinée aux enfants. On s'amuse, on s'émeut, et on trace sans peine de nombreux parallèles entre les personnages animaliers et nos propres caractéristiques humaines. A tel point que les personnages humains finissent par sembler bien antipathiques...