4/10Enter the Void

/ Critique - écrit par nazonfly, le 28/04/2010
Notre verdict : 4/10 - No(y)é dans son sujet (Fiche technique)

Tags : film noe enter void gaspar oscar cinema

Enter the void promettait d'être une véritable expérience cinématographique entre mort et hallucination. Le retour à la réalité, à cause d'une fin ratée, est dur.

Enter the void, le dernier Gaspar Noé, réalisateur du si controversé Irréversible, était en avant-première à Saint Etienne pour la deuxième soirée Panique sur l'écran, organisée par l'association Mes couilles dans ton slip et le cinéma Le France. Un film événement psychédélique, qui ne peut s'apprécier que si le spectateur se laisse porter par ses émotions. C'est du moins de cette façon que Soudain le vide, titre français, a été présenté un peu partout. Enter the void est-il cette expérience cinématographique annoncée ?

Hallucination sensorielle et cinématographique : enter the void

La diagonale du vide
La diagonale du vide
Dès les premières minutes, le générique du film, tout va vite, très vite, trop vite sans doute. Couleurs flashy. Stroboscopiques. Qui se multiplient. Fontes d'écriture qui s'affrontent. Qui s'accouplent. Matraquage continu. Musique technoïde. Trop d'informations. Pupille saturée et cerveau en stand-by. Hypnotisé. Avalé. Digéré. Expulsé. Et soudain... le calme. Une chambre sordide, quelque part au Japon. La caméra devient subjective, le spectateur se retrouve à la place d'Oscar, dealer et junkie. Comme dans l'excellent clip de Smack my bitch up de Prodigy à qui ce début de film ressemble étrangement : même impression de malaise, même plan sur un miroir dévoilant une figure surprenante, même descente aux enfers dans une boîte glauque. Oscar, shooté au DMT, une drogue que secrète le cerveau au moment de mourir, part dans un long trip. Le spectateur en prend une fois de plus plein les yeux, plein la substance grise. Mais c'est vers le Blueberry de Jan Kounen que l'esprit se tourne. Le parallèle est évident entre les deux scènes hallucinatoires : les figures géométriques se tortillent dans tous les sens, s'ouvrent et se ferment, inquiétantes, magiques et magnifiques. Impossible de se défaire de cette impression de malaise. Impossible de se défaire du film. Le spectateur est prisonnier du monde onirique et dérangé de Gaspar Noé.

Coït pré-réincarnationnel : et soudain le vide

The death is not the end
The death is not the end
Et soudain... le vide. Plus rien. Oscar meurt. Il revit son passé d'une violence incroyable. Certaines scènes sont presque insoutenables. D'autres, d'une quiétude apaisante. Le passé se mélange au présent, l'âme d'Oscar plane au dessus de ses proches. Elle traverse les murs et survole les pièces. Une fois. Deux fois. Trois fois. Dix fois. Vingt fois. Jusqu'à l'écœurement, jusqu'à l'ennui. Les scènes se suivent et se ressemblent. Tandis que l'histoire se poursuit, que les relations entre les personnages s'approfondissent, le spectateur décroche et se détache du film. Plus rien ne fonctionne. Et c'est l'œil morne que nous assistons aux derniers dénouements du scénario, sous formes d'ultimes scènes de sexe qui se révèlent toutes plus ridicules les unes que les autres : il est utile de préciser que l'arrivée presque impromptue d'un énorme gland sur grand écran a engendré une salve de rires, loin sans doute des intentions du réalisateur. Les dernières minutes, prévisibles dès la moitié du film, finiront de convaincre le spectateur que le film, pourtant visuellement mémorable, manque son sujet.

Enter the void aurait pu être l'une de ces expériences cinématographiques dont on se souvient pendant longtemps. Le thème mélangeant trip halluciné et existence post-mortem était pourtant une bonne idée, mais à force d'user jusqu'à la corde le même procédé, Gaspar Noé perd son spectateur et gâche un film qui aurait pu être exceptionnel.