3/10Double Team

/ Critique - écrit par Nicolas, le 02/06/2008
Notre verdict : 3/10 - Double Impact (Fiche technique)

Tags : double team film hark will tsui van

Dennis Rodman déclare que la meilleure défense c'est l'attaque en force. Tsui Hark ne le contredit pas, et Jean-Claude Van Damme non plus.

1997, un an après avoir prouvé qu'il savait tenir une caméra à défaut d'imaginer une histoire, Jean-Claude réalise un rêve : tourner avec un grand du cinéma d'action chinois. Tsui Hark qu'il s'appelle. Le jour où Tsui dit oui, Jean-Claude tâte du bout de ses petits doigts musclés l'aboutissement suprême de sa carrière jalonnée de nanars mémorables. Oui, il la tient sa place au panthéon du nanar, oui, il va pouvoir serrer tout contre lui la statuette des Razzie Awards, il le sent, il le sait. Rien ne doit être laissé au hasard, et si pour ça il faut incorporer un ancien basketteur débauché (Dennis Rodman) dans l'équation, qu'on le fasse !

« Le dernier qui s'est foutu de mes cheveux, je lui ai mis mon pied au cul jusqu'aux poumons. »


"Bouche tes oreilles, le mur, sinon j'te KICKE !"
D'abord choisir un titre qui pète, et une accroche sympa. « Double Team », soit littéralement « Equipe Double », ce qui ne veut proprement rien dire. A la rigueur, considérons « Equipe en Double », ce qui nous parait nettement plus cohérent puisque Jean-Claude et Dennis sont un quand ils sont chacun de leur côté, et deux quand ils sont en équipe. Au moins, on sait ce qu'on a. Quant à l'accroche, force nous est d'avouer que la France dame le pion aux States sur ce coup là, ces derniers ne proposant qu'un misérable « This time he's got company », un peu pauvre et pas franchement sexy. Préférons le bien trouvé « Soyez dans leur camp, pas sur leur chemin », qui annonce d'ores et déjà que le film va envoyer de la rillette.
L'affiche doit également refléter cet état d'esprit. Pas de pot de rillettes, bien évidemment, préférons la testostérone et le muscle huilé pour vanter les mérites de la dream team. Jean-Claude force le biceps, Dennis prend la pose avec un air pas jouasse, et on tartine du vert et du bleu pour la côté « dualité ». On colle les noms en gros, en n'oubliant pas
Mickey Rourke parce qu'il est un peu connu. D'ailleurs, s'il l'était pas, on s'en ficherait pas mal, et on aurait mis une explosion à la place. Les explosions c'est classe. Surtout quand on a un Jean-Claude en train de l'éviter dans un bond au premier plan. Mais je brûle les étapes, pardonnez-moi.
Donc, casting. Jean-Claude parce que c'est son film, Dennis pour le sidekick totalement improbable et déjanté, et Rourke la tronche de cake pour la méchanceté. Ce dernier incarne Stavros, l'ennemi juré de Jack Quinn. L'un est un vilain terroriste se vendant au plus offrant, l'autre est un contre-terroriste sur le point de partir en retraite. Quant à Dennis, il est Yaz, l'armurier des gentils, l'incroyable équipier à la coiffure totalement surréaliste et à la réplique facile.

« Tu ressembles à une carotte avec des boucles d'oreille. »


"Comment tu trouves mon déguisement
de Polnareff ?"
"Et mon déguisement de Al Capone ?"
Ensuite, l'histoire. Dans une ultime mission genre « je le plombe et j'arrête, promis je déconne pas je vais avoir un gosse », Quinn accepte de capturer Stavros parce que, bon. Il s'entoure des meilleurs, notamment d'une tireuse d'élite capable de couper l'appendice sexuel d'une mouche avec son fusil. La crème de la rillette, donc. Contre toute attente, en plein parc d'attraction, Quinn découvre que Stavros a un enfant, et par association d'idée, un cœur. La seconde d'hésitation, et c'est le drame. L'équipe se fait démantibuler, Jack Quinn est déclaré KIAR, soit Killed in Actioning Rillette. C'est du moins ce qui est dit à sa femme, du coup franchement dans le désarroi. Pas de bol, Stavros a de la suite dans les idées, et capture la nana.
Mais Quinn se réveille sur le Sanctuaire. Le problème qui se pose, c'est qu'il n'est point question de Seiya ou de Shyriu, l'endroit est un repère pour les anciens agents maintenant cantonnés sur une île à éplucher des informations ultra-confidentiels. Le premier qui sort, on l'explose. Gloups. Pas déboussolé pour autant, Quinn entreprend de récupérer sa forme physique en déplaçant des baignoires et en faisant des grands écarts dans le couloir, pour ensuite se faire la malle et partir à la recherche du terroriste.

« Et merde... J'adore les problèmes... »

Mickey Maousse
Mickey Maousse
Voilà, maintenant que le décor est planté, on peut commencer à causer rillettes. Double Team en envoie, c'en est presque indécent. Pour les besoins du film, Jean-Claude a appris à plonger pour éviter les explosions. A ce jour, c'est la méthode de survie la plus efficace pour échapper aux déflagrations, c'est bien connu. Et vu que ça pète pas mal, ça peut servir. C'est comme si le réalisateur moyen avait une bride et que celle de Tsui Hark avait été retiré en même temps qu'on lui avait posé un kit d'amélioration « Max Explode ». Totalement décomplexé, il défonce tout ce que l'on voit à l'écran, mitraille à tout va sur la Place de Navone, et fait péter le Colisée. On entend presque son rire de dément, au loin. Ou bien peut-être s'agit-il du notre, quand nous nous apercevons qu'un débit de boisson peut tout à fait et avantageusement remplacer le plongeon lors d'une explosion.
A ce point précis, on se fout globalement du scénario, nous avons tous bien compris qu'on n'est pas là pour ça. A vrai dire, on se demande même si le nanar n'est pas totalement assumé, comme si le réalisateur avait une subite envie de se faire plaisir au détriment de tout le reste. Même le dialoguiste s'en donne à cœur joie, attribuant à Mickey Rourke cette phrase ô combien pleine de sens : « L'homme est fort, mais le tigre est encore plus fort. » Avec le recul, on s'aperçoit qu'ils racontent tous à peu près n'importe quoi, et une deuxième visualisation s'impose d'elle-même - la première étant gâchée par les spasmes de surprise. Et l'on s'aperçoit alors qu'ils font également n'importe quoi, tout en essayant honteusement de nous le faire avaler !

Conclusion

L'homme est fort, mais le tigre est encore plus fort. Mais Jean-Claude est encore encore plus fort. Mais les rillettes sont encore encore encore plus fortes. Je n'ai pas trouvé meilleure conclusion.