8.5/10Wall-E

/ Critique - écrit par Nicolas, le 27/06/2008
Notre verdict : 8.5/10 - Le mur, pas la guerre. (Fiche technique)

Tags : wall film pixar france eve robot terre

Pixar fait le mur. Il en résulte une des plus belles histoires d'amour non-humaine qui nous a été donné de voir au cinéma. Encore une réussite. 


Statistiquement, Pixar aurait déjà dû livrer une production d'une qualité moyenne ou même mauvaise. Ce ne sera pas encore le cas aujourd'hui, malgré les récurrences certaines que l'on peut identifier dans chacun de leur succès. Wall-E est comme Le Monde de Nemo ou Toy Story, il procède à une humanisation d'objets ou d'êtres vivants désincarnés - dans les exemples cités des poissons ou des jouets - et les habille de sentiments plus ou moins absurdes pour leur condition. Des poissons-clowns animés par les relations filiales, des jouets doués d'une conscience et d'un attachement affectif à l'être humain ? L'univers de Pixar est clairement identifiable et appartient à l'imaginaire, il y dresse un parallèle évident avec la société humaine pour mieux l'analyser, sous la couverture d'une comédie animée destinée aux enfants. Une double lecture appréciable pour l'adulte, qui y trouve non seulement un divertissement de très bonne facture, et un subtil message pas prise de tête.


Wall-E
n'échappe en rien aux balises de Pixar, et même si le concept peut s'avérer un brin réchauffé en apparence, le talent et le professionnalisme de la bande d'animateurs maintes fois oscarisée en font, encore, un chef-d'œuvre du genre. Wall-E est un petit robot destiné à la compilation des ordures, la dernière « chose » sur Terre encore en activité. Depuis 700 ans, l'humanité a déserté la planète, et la petite machine s'échine à entasser des monticules d'ordures compilés en petits cubes. Seulement, Wall-E a contracté une maladie étrange : une sentimentalité. Il s'est constitué un petit chez-soi, fabriqué à partir de divers éléments récupérés sur son lieu de travail, enlève consciencieusement ses chenilles pour ne pas salir son sol, regarde de vieux enregistrements vidéos, et s'ennuie à mourir. Jusqu'au jour où EVE, énigmatique robot femelle venue de l'espace, vient troubler son quotidien, et fait de Wall-E l'amoureux le plus désespéré de toute la surface du globe, pour ne pas dire le seul.


Ces quelques lignes, on vous les rabâche depuis des mois, à coups de communiqués et de bandes-annonces. Sachez seulement que ce qui vous a été montré ne reflète en rien le film, et qu'il s'agit d'un tout petit pourcentage très ciblé de ce qu'il contient. En cela, il est difficile de procéder à une analyse sans gâcher les surprises que vous réserve Wall-E, mais allez-y en ayant bien conscience que vous vous retrouverez à la fois devant un film d'aventure et devant une comédie romantique. Il est remarquable d'ailleurs de constater que ce petit bout de métal se montre bien plus attendrissant que la plupart des acteurs humains qu'il singe, et que la romance, somme toute assez convenue, répond d'une sincérité très touchante. Une véritable prouesse artistique quand on s'aperçoit que la grande majorité des échanges se feront par les expressions et non par les mots, les deux protagonistes principaux étant assez limités dans leur vocabulaire oral. Un énorme effort a pourtant été fait sur ce point, pour que les rares mots prononcés soient à la fois intelligibles et proches du son humain.

La juste contrepartie d'une telle réussite sentimentale passe par une réussite graphique. Le schéma se répète : la qualité devient une banalité et rien ne nous surprend vraiment dans le film, tant celui-ci respire le mérite artistique. Rien n'est laissé au hasard, et si la première partie du film se montre plus impressionnante que la seconde, celle-ci réserve de très bonnes surprises et quelques prouesses techniques très salutaires. Le plus frappant réside forcément dans l'animation des personnages, qui reste assez mécanique tout en étant très proche de la gestuelle humaine. Wall-E fait davantage penser à un mignon petit animal qu'à une machine, sa palette d'expressions étant à la fois très vaste et très explicite.

Le film pose quelques bases de réflexion subtiles, proposées comme un complément plutôt qu'une finalité. Ainsi, on s'interroge avec plaisir sur la robotisation de l'être humain et sur l'humanisation de la robotique, sur le sens des sentiments, et sur l'écologie et l'avenir de notre planète. Le tout est délivré avec délicatesse, devient partie intégrante du scénario, sa base et son ressort, et ne cherche jamais à prêcher la bonne parole ou à imposer une idée. L'évidence s'impose d'elle-même, ne décrédibilise pas le film comme cela fut le cas sur certaines productions cinématographiques récentes, et passer à côté n'enlève rien au plaisir que l'on peut avoir en suivant les aventures du petit robot. La grande force de Pixar a toujours été celle-ci : le divertissement se veut amusant et intelligent. Une grande, une immense qualité, rare et précieuse, à préserver.

Wall-E est le premier coup de feu de cet été. Drôle, intelligent, sensible, émouvant, le nombre de qualités est comme toujours au rendez-vous, même si dans son concept, Wall-E innove assez peu. Peut-être n'est-ce là que l'aigreur d'un cinéphile espérant que Pixar montre des faiblesses, mais quoiqu'il en soit, leur dernier bijou ravira tout aussi bien que n'importe lequel de leurs précédents succès.

> Lire la contre-critique par Kei