Je vais bien, ne t'en fais pas
Cinéma / Critique - écrit par Vincent.L, le 20/09/2006 (Tags : film vais fais loic lili cinema melanie
Introspection dans la vie de Lili, une jeune femme à la recherche de son frère, Je vais bien, ne t'en fais pas trouve un subtil équilibre entre le drame familial et le thriller. Adapté du roman homonyme d'Olivier Adam, le film de Philippe Lioret doit énormément à l'interprétation de la jeune Mélanie Laurent, pleine de charme, d'abattement et de sensibilité. L'actrice de Dikkenek y trouve un jeu tout en regards tristes, énervements dépressifs et laisser aller suicidaires. Chaque plan la célèbre et, en retour, elle dégage une présence qui habite le film entre frissons de tristesse et soubresauts de rire. Sommet de puissance anémiante, les scènes à l'hôpital rappellent des ambiances de désespoir et de solitude chers à Vol au dessus d'un nid de coucou ou Une vie volée. Certaines piques quotidiennes, typiques de réalités familiales maladroites, ne manquent pas de créer quelques ricanements, toujours sur le fil entre le comique de situation et le grave.
Tout au long du film, les scénaristes Philippe Lioret et Olivier Adam parviennent aisément à garder le mystère autours de la disparition du frère de Lili. L'imagination du spectateur peut même largement s'égarer de la révélation finale sur laquelle l'oeuvre ne tient pas sa force. Là où Je vais bien, ne t'en fais pas frappe fort, c'est en exposant l'intensité d'un amour familial, des amitiés et de l'amour d'un compagnon pour se sortir du plus grand des chagrins. Face à l'incertitude, le soutien des proches permet à cette jeune femme de lentement penser à autre chose. Dans les seconds rôles, on remarque encore une fois l'émouvante et séduisante interprétation de Julien Boisselier. L'acteur d'On va s'aimer est toujours irréprochable grâce à sa voix grêle et son sourire destructeur. Son aisance à passer d'une expression de joie fascinante à un regard emprunt d'une mélancolie déchirante devrait s'apprendre dans les écoles de comédie.
S'il se déroule sur une cadence plutôt lente, le film incruste quelques instants marquants d'émois et de grisaille dans un univers obnubilé par le souvenir d'une fraternité apparemment idéale. L'obsession et l'amour forment des saynètes qui s'assemblent et se suivent comme autant de beautés spirituelles souvent émotionnelles. La récurrence de la chanson U-Turn d'Aaron participe à la sublimation plus intense de quelques fragments du film. Le long métrage tient aussi à nous dires que certains secrets valent mieux d'être gardés plutôt que de révéler certaines vérités trop dures à supporter. L'espoir final apparaît comme une renaissance logique à la poursuite d'une vie où l'avenir se dessine en regardant l'horizon sans honte et sans ressasser le passé.