Underworld
Cinéma / Critique - écrit par Nicolas, le 07/10/2003 (Tags : underworld selene lycans vampires michael ray blu
Gangs of Chicago
Kate Beckinsale, joli brin d'actrice nettement plus habituée à des rôles légers, dans un film d'action garanti explosions d'hémoglobine. Qui plus est, au milieu d'une guerre millénaire entre vampires classieux et racailles de loups-garous. Voilà de quoi réjouir le cinéphile lambda pas victime d'allergie envers les blockbusters, surtout s'il vouait une affection particulière au syndrome MatriX. Mais point de malentendu, selon les échos précédant l'arrivée du film, Underworld tiendrait plus d'un Romeo & Juliette que d'un refourgage de bullet-time. Choisissez votre camp...
Depuis plus de 600 ans, Selene (Kate Beckinsale), une représentante éminente de la communauté vampire, mène aux côtés de ceux de sa race une guerre impitoyable contre les Lycans. Cette lutte incessante semble prendre une tournure différente lorsque la vampire s'aperçoit que ses ennemis mortels se sont lancés à la recherche d'un être humain nommé Mickael Corwin (Scott Speedman) pour l'accomplissement d'une expérience bien particulière. Son investigation met à jour des éléments déstabilisants qui la mèneront à douter de tout, même de ses alliés...
Si la guerre ouverte que se mènent les vampires et les loups-garous mérite le rapprochement avec l'animosité que se vouaient les familles Montaigu et Capulet dans Roméo & Juliette, la comparaison s'arrête là. Surtout que la relation qu'entretiennent Selene et Mickael, héros respectifs du film, ressemblent plus à une amourette comme on en voit des centaines, le genre de couple qui batifolera un siècle ou deux avant de se briser faute de sentiments profonds. Il serait d'autant plus juste de parler plutôt d'un mélange entre film d'action moderne (= "post-MatriX") et mythologie à la sauce contemporaine, toutes proportions conservées. Le tout prenant décor dans ce que le monde regorge de plus sombre et de plus gothique, entretenant les aspirations de réalisme du réalisateur. C'est ainsi que l'aspect théâtrale de Budapest pontifie le Chicago des bas-fonds tel qu'il pourrait être investi par les deux races belligérantes, tandis que la photographie sombre dans des tons monochromes qui ne peut que s'additionner à l'austérité ambiante des environnements choisis.
Et c'est bien là le principal revers d'Underworld. Trop occupé à conférer un aspect esthétiquement crédible à sa guerre entre immortels, visuellement très réussie (sans parler de la garde-robe très moulante de cette chère Kate), Len Wiseman en oublie presque de faire avancer l'histoire et de creuser les personnages. Oh, un scénario, il y en a un, point de vue plutôt intéressant sur les vampires et les loups-garous, évitant les clichés et les redits avec un certain discernement, à ceci près qu'il ne put servir à soutenir le film sur sa longueur totale. Et conséquences directes, un important tas de scènes se dénude de sens et en menace l'intérêt général, pourtant censé relancer le rythme (majeure partie des scènes d'action, parfois bien confuses).
Une idée finalement pas trop mauvaise, asservie sur le nom de l'esthétisme au détriment des personnages et du rythme narratif. Même la présence de Kate Beckinsale peine à relever l'intérêt au milieu de ce parterre de visages plus ou moins inconnus, pourtant moitié active d'un couple qui se révélera bien mal accordé et superficiel. Décevant.