Le Terminal
Cinéma / Critique - écrit par weirdkorn, le 16/09/2004 (Arrêt aux portes de la réussite
Le terminal marque la troisième collaboration entre Steven Spielberg et Tom Hanks après Il faut sauver le soldat Ryan et Arrête-moi si tu peux. Dans un style similaire à ce dernier, le réalisateur dernièrement promu chevalier de la légion d'honneur (pour l'anecdote) nous offre encore une de ces belles histoires qu'il affectionne, toujours à la frontière du comique et du tragique. Mais là où la narration paraissait autrefois sans failles, on s'aperçoit que la mécanique s'est légèrement grippée, amenant à un ensemble manquant de profondeur et quelque peu décousu.
Mais l'on peut tout de même faire confiance à Steven Spielberg et à son sens du récit. Cette fois-ci, il ne s'est pas compliqué la tâche pour tourner puisque toute l'histoire se déroule dans un aéroport et plus précisément dans un terminal comme l'indique le titre. Viktor Navorski, parti pour visiter New York, se voit arrêté par le service de douanes. Un coup d'Etat a fait disparaître administrativement son pays et le voilà sans passeport, n'ayant pas le droit d'entrer sur le territoire américain et ne pouvant pas non plus être expulsé chez lui. Il n'a le droit qu'à une seule chose, rester vivre dans le terminal en attendant qu'une solution puisse être trouvée.
Comme l'annonce l'affiche, une vie l'attend. Mais quelle vie ! Coincé dans l'aéroport, les occupations du pauvre Viktor deviennent vite limitées, tout comme le film. Parce que rester deux heures uniquement dans un terminal, c'est long, très long. Il faut tout le talent narratif de Steven Spielberg pour réussir à faire vivre cette histoire. Il y réussit la plupart du temps et hormis quelques passages, le film est rarement ennuyeux. Mais il ne parvient jamais à réellement maîtriser l'histoire, la faute à un scénario limité. Le film donne une impression décousue, certaines histoires parallèles paraissant oubliées, un peu faciles ou pas vraiment nécessaires. Le terminal aurait d'ailleurs pu être coupé de 20 ou 30 minutes sans rien changer au résultat final.
Niveau personnages, on dirait qu'il n'y a que cinq ou six employés dans l'aéroport, vu que les mêmes têtes apparaissent constamment. De plus, leur rôle n'est pas assez poussé et donne trop dans le caricatural pour en faire de vraiment bons seconds rôles, y compris Catherine Zeta-Jones. Le méchant fait trop méchant pour être vrai, limite Disney, et l'on ne sait pas pourquoi il en veut autant à Viktor. Par contre, pour compenser, il y a Tom Hanks. Il est impeccable. C'est vraiment l'un des acteurs les plus talentueux d'Hollywood, si ce n'est le plus talentueux. Sa performance est superbe, toujours touchant et réussissant à changer son accent de l'est au cours du temps qui passe (à voir en VO d'ailleurs). On aurait par contre aimé voir un traitement plus important de l'évolution du personnage et de ses journées mais le scénario n'était pas assez développé pour cela.
Au final, Le terminal est un bon divertissement familial qui assure son quota de rires et d'émotions. Steven Spielberg sait toujours raconter des histoires mais est moins inspiré que d'habitude à cause d'un scénario manquant de profondeur, de cohérence et tombant la plupart du temps dans la facilité. On gardera tout de même la performance d'acteur de Tom Hanks. Il sauve le tout mais ne permet tout de même pas au film de s'ériger autrement qu'au statut d'honnête.