Street Fighter: Legend of Chun-Li
Cinéma / Critique - écrit par Nicolas, le 04/05/2010 (Tags : fighter chun street film legend video legende
Une histoire pas si légendaire que ça, pour un film qui l'est encore moins. Je vous laisse découvir qui incarne Bison, mais gaffe à l'attaque cardiaque !
L'ensemble des médias ont beau l'avoir annoncé à grandes pompes ces dernières années (les premières rumeurs datent tout de même de 2006), nous sommes encore bien loin de l'avoir sous les yeux. La raison ? Hé bien, malgré la popularité en hausse de la franchise de jeux vidéo du même nom, boostée par un quatrième opus d'une excellente qualité, le film est tellement mauvais que personne ne veut le distribuer en Europe. Ha ha. Fort heureusement, le DVD zone 1 se dote d'une piste de sous-titres français, et devient donc accessible à tous les heureux possesseurs de lecteurs dézonés ; quant au blu-ray, c'est encore plus simple, puisque le support n'est même pas zoné. A prix raisonnable, il est donc tout à fait possible de faire son fanboy, et de voir le film pour frimer devant les copains. Donc là, je frime.
Au milieu d'un plan évidemment machiavélique visant à dominer... hum... Bangkok, le nommé Bison kidnappe le père de Chun Li, celle-ci étant alors âgée de cinq ans. Devenue adulte, elle reçoit un mystérieux parchemin écrit en chinois ancien. Celui-ci, traduit, l'invite à rencontrer maître Gen. Ainsi commence le voyage de Chun Li, une quête de vérité, de justice, et de vengeance...
Vous pensiez qu'il n'était pas possible de faire pire que Street Fighter The Movie en termes d'adaptation vidéo-ludique du jeu de combat de Capcom ? Le doute est désormais permis, même s'il est encore difficile, sans grand recul, de comparer les deux « œuvres ». Disons que les deux films parviennent à se vautrer sur tous les aspects de leur production d'une manière complètement différente, ce qui amène à les respecter tous les deux - à ceci près que le Van Damme est nettement plus drôle.
Kristin Kreuk en Chun Li : ok.Par exemple, parlons du casting. Choisir Kristin Kreuk pour incarner Chun Li, soit une métisse hollando-chinoise pour une chinoise pure souche, je dis pourquoi pas : l'actrice est mignonne et bénéficie d'une relative ressemblance physique (si l'on excepte évidemment la musculature disproportionnée du personnage, bien mal rendue par les jambes / bras en allumettes de Kristin) ; choisir Michael Clarke Duncan pour Balrog, définitivement oui : il en a la carrure, on ne lui demande rien d'autre ; quant à Gen, vu qu'on s'en fout royalement, que ce soit Robin Shou (Liu Kang dans le premier Mortal Kombat, excusez du peu) ou un autre revient au même. Mais maintenant, pourquoi avoir confié Mr Bison, le rôle qu'il ne fallait surtout pas négliger, à Neal McDonough, le blondinet de Desperate Housewives ? POURQUOI ? Parce que c'est une tête plus ou moins connue ? Il faut rester sérieux, et ce simple petit travers ruine le film dès les dix premières minutes auprès des connaisseurs, qui représentent évidemment le cœur de cible de cette production de soixante millions de dollars. Après cette sévère déconvenue, fébriles, nous attendons la prochaine apparition prestigieuse d'un des membres de la famille Street Fighter. Peine perdue, il y aura bien une espèce de Vega torchée au casting et au scénario. Il a une griffe en métal et un masque, cela nous permet de le reconnaître.
Neal McDonough en Bison : euh...En plus, on essaye de nous faire croire que Kristin et Neal savent se battre, Andrzej Bartkowiak fait tout ce qu'il est humainement possible pour nous en convaincre : montage à la serpe, doublures professionnelles, câbles dans tout les sens, et bruitages à la Jason Statham. Quelques morceaux de chorégraphie valent le coup, mais la majorité tient plus du nanar que d'autre chose. Oh, le fan est tout de même brossé dans le sens du poil : Chun Li nous sort un Spinning bird kick (le « parapluie »), un Kikoken (la boule de feu), et même un quasi Hyakuretsukyaku (les pieds éclairs). Par contre, le reste du casting sera bien inoffensif, dommage.
Et le scénario, non content de nous refiler Shadaloo et ses malversations négligeables, se borne à alterner classicisme primaire (« je m'entraîne, puis je me venge. ») avec le n'importe quoi (Bison qui achète les bidonvilles de Bangkok pour tout raser, entre autres). Du coup, Bartkowiak cale sa réalisation : classique la plupart du temps, parfois n'importe quoi (les petites accélérations sont stylées, certes, mais ne servent pas à grand chose si ce n'est à écourter un plan trop long).
Globalement, c'est donc ennuyeux, mal adapté, assez mal « casté », et profondément mauvais. L'idéal serait de pouvoir coller une image de Bison version jeu vidéo sur la tronche de McDonough pour retarder l'inévitable. Mais vu que la manipulation est impossible, hé bien, le fan est lâché dès le début du film, se tordra de douleur pendant 90 minutes en regardant sa série chérie se faire saccager par des gens sans scrupules. Quant aux autres, il est fort probable que le sujet du film ne les intéresse même pas, alors de là à l'apprécier...