Star Trek
Cinéma / Critique - écrit par riffhifi, le 07/05/2009 (Tags : star trek spock kirk film enterprise science
Reboot boum boum de la saga des étoiles quadridécagénaire, ce Star Trek 2009 tente de séduire aussi bien les fans boutonneux que les simples consommateurs de grosses machines. Sympa mais creux.
Hollywood raffole depuis quelques années des "begins", généralement matinés de la notion de "reboot" : Batman, James Bond et même les tueurs de Halloween et de Vendredi 13 viennent nous montrer leurs parents, leur école maternelle et nous
William Shatner ?présentent les filles dont ils tiraient les couettes à l'école. Le procédé est devenu une astuce quasiment systématique pour faire du neuf avec du vieux, aguichant à la fois le public initié (familiarité des noms et de l'histoire) et la nouvelle génération (c'est tout nouveau, on vous raconte tout depuis le début et c'est en Dolby Surround, promis). Star Trek, c'est la quintessence de cette méthode : afin de relancer une saga essoufflée (les derniers films étaient franchement nazes, la série Enterprise n'a pas eu le succès escompté malgré sa nature de préquelle), les producteurs embauchent un cinéaste poids lourd (J.J Abrams) pour la première fois depuis le premier film en 1979 (dirigé par Robert Wise) ; gomment toute numérotation pour l'intituler pompeusement Star Trek ; et décident d'en faire un retour sur la jeunesse de Kirk, Spock, McCoy et le reste de l'équipage le plus connu de l'USS Enterprise. Une fois ce choix effectué, il n'est plus question de scénario, simplement de satisfaire un maximum de gens...
DeForest Kelley ?James Tiberius Kirk (Chris Pine) est le fils d'un officier de Starfleet. Son héritage est lourd, puisque Papa s'est sacrifié afin que James et sa mère puissent vivre. De son côté, le demi-Vulcain Spock (Zachary Quinto) se fait vanner par ses pairs à cause de sa moitié humaine. Les deux jeunes gens vont apprendre à se connaître dans des circonstances dramatiques, qui les rapprocheront également du Dr Leonard ‘Bones' McCoy (Karl Urban), de la belle Uhura (Zoe Saldana), du jeune russe Pavel Chekov (Anton Yelchin), du pilote Hikaru Sulu (John Cho) et de l'ingénieur Montgomery ‘Scotty' Scott (Simon Pegg). Personne ne manque à l'appel ? Ces braves gens vont donc devoir échapper aux machinations diaboliques (mouahah) du vilain Romulan Nero (Eric Bana).
Leonard Nimoy ?L'intrigue de base est d'une simplicité confondante, et n'a pour ainsi dire aucun intérêt : un gars vient du futur pour se venger ? sérieusement, après quarante ans de scénarios basés sur l'entente entre les peuples, la recherche d'une meilleure compréhension des psychologies, des sociétés, des religions, des morales ?... après quarante ans de variantes sur les dizaines de sujets que la science-fiction offre aux auteurs ?... Les scribes de ce Star Trek n'avaient visiblement qu'une seule instruction : placer un maximum de scènes d'action sur une trame aussi mince que possible. Ici, la réflexion cède la place à la testostérone, il s'agit de savoir qui a la plus grosse paire de coucougnettes, qui va se taper la méga-bonne, qui va essuyer le plus d'explosions sans transpirer, etc. Sur ce terrain, le film se défend même plutôt bien, servi par la direction sans faille de J.J. Abrams qui s'est fait la main sur un Mission : impossible 3 déjà bien secoué (et déjà sans rapport avec la série dont il portait le nom). Montage serré mais lisible, effets spéciaux pétaradants habilement combinés aux cascades réels... Pas de doute, le spectacle est là.
Quant au nom de Star Trek, il a été compris comme une sorte de marque, un
Nichelle Nichols ?moyen de titiller la nostalgie sans trop faire d'efforts. Les fans sont supposés accorder moins d'importance au scénario qu'aux clins d'œil et aux hommages, on leur sert donc tous les points de repères disponibles : la caution de Leonard Nimoy qui apparaît en vieux Spock, la présence d'un prédécesseur de Kirk appelé Christopher Pike (interprété par Bruce Greenwood), la scène maintes fois évoquée mais jamais vue du test Kobayashi Maru... Les acteurs ressemblent à leurs modèles (à part Chekov, rigolo mais sans rapport), et s'ingénient à imiter scrupuleusement leur jeu. Pourtant, il s'agit d'une sorte de "reboot" à la fois astucieux et paresseux : nous sommes dans une réalité alternative, ce qui permet d'imaginer autant de suites qu'on veut sans avoir à se soucier de la cohérence avec l'existant. Autant dire qu'en cas de jackpot, on verra Kirk et Spock reprendre le chemin des champs de bataille. N'empêche que les spectateurs de la série d'origine, qui avait des scénaristes mais pas de pognon, auront peut-être du mal à avaler que Star Trek soit devenu un simple spectacle de son et lumières qui sonne un peu creux.