Spy kids 3 - Mission 3D
Cinéma / Critique - écrit par Nicolas, le 14/03/2004 (Tags : kids spy film rodriguez robert dvd mission
Remarquable. Déjà qu'au départ, faire un troisième opus d'une franchise qui n'a jamais été franchement au top témoigne d'un certain degré d'obstination, mais la transformer en film - attraction typé DisneyLand, Mickael Jackson Remember, on se retrouve à la limite de la condamnation préventive. 3D, tout est dans le titre : L'ouvreur vous remet la précieuse paire de lunettes bleues/rouges avec votre ticket, se gaussant intérieurement en vous imaginant coiffée desdites immondices, et vous indique la direction de la salle d'un film pas comme les autres... dont on se serait bien passé, d'ailleurs...
Juni Cortez (Daryl Sabara), se sentant manipulé, a quitté L'OSS et travaille maintenant pour son compte en tant que détective privé. Comme tous les autres enfants de son âge, il attend avec impatience la sortie planétaire du jeu vidéo virtuel Game Over, récoltant sou après sou l'argent qui lui permettra d'acquérir le futur hit du concepteur Toy Master (Sylvester Stallone). Cependant L'OSS le re-contacte et l'informe d'une nouvelle qui ne peut laisser Juni indifférent : Sa soeur, Carmen, est retenue prisonnière de Game Over, capturée lors d'une mission qui devait s'achever par la destruction du jeu. Un jeu maléfique qui n'existe que dans un seul but : s'emparer de la matière grise des joueurs...
Une heure de « 3D », ou devrais-je plutôt dire « impression de relief », pour quelques vingt minutes de pellicule « normale ». Logique dans le sens où la quasi-intégralité du film prendra place dans les entrailles du fameux jeu vidéo, un dangereux univers numérique que Juni devra parcourir pour retrouver sa soeur, piégée au niveau 4. La majorité des scènes furent donc tournées sur écran vert, pour mieux insérer le personnage dans un décor virtuel ; des paysages numériques aux textures relativement simplistes, certes, mais l'incrustation et la synchro se montrent assez méritantes pour créditer, un peu à contrecoeur, le film d'un point supplémentaire (J'avoue, je me cherche des excuses pour mon jeu de mot). Une fois tout ceci emboîté, plus qu'à opérer un traitement spécial de l'image, dédoublée en une couche rouge et une couche bleue, pour obtenir un effet de relief qui ne sera révélé qu'une fois les lunettes sur le nez. Sans, c'est in-regardable, il faut le reconnaître. Mais avec, c'est peut-être encore pire. Les initiés le savent bien, le résultat se traduit par, effectivement, une sorte de relief plus ou moins réussi ; mais aussi, et surtout je devrais dire, par une destruction temporaire mais néanmoins violente de la perception visuelle qui s'acharne de longues minutes à déchiffrer les informations grises et violettes qui émanent de l'écran. Utilisé à outrance pour faire valdinguer les objets/personnages/doigts en direction du spectateur, le concept n'amuse guère plus de cinq minutes, et l'on est alors tenté d'écouter tranquillement l'histoire pour reposer les globes oculaires. Grossière erreur. Certainement conscient de la pauvre nature de son projet, Rodriguez a pris derechef une grande décision : descendre encore quelques marches sur l'échelle de la puérilité, avec les conséquences que cela entraîne sur le scénario. Péripéties, fantaisies, et débits de naiseries moralisatrices s'accordent sur un certain degré de médiocrité, même destiné aux jeunes catégories.
Un produit marketing heureusement bien rare, digne des petites attractions peu évoluées de certains parcs d'attractions, et, pour le plus grand bonheur des pauvres âmes qui se seraient laissées piéger, bien assez court ! On se demande encore par quels moyens, autre que l'argent, un scénario aussi bas de plafond a pu attirer un tel nombre de guests prestigieuses (Salma Hayek, Bill Paxton, Steve Buscemi, Elijah Wood, George Clooney, wow)....