5/10The Spirit

/ Critique - écrit par nazonfly, le 05/01/2009
Notre verdict : 5/10 - Black & white spirit (Fiche technique)

Un peu de Sin City pour la couleur, un soupçon de Batman pour la ville, un zeste de The Mask pour rigoler. Et hop, The Spirit est tout indigeste. Pas cool après les fêtes.

Une cravate rouge s'envole sur les toits d'une ville parée de noir et de blanc. Derrière elle se cache un homme masqué au chapeau noir et aux semelles d'un blanc lumineux. Dès les premières secondes du générique, le lien entre The Spirit et la précédente oeuvre cinématographique de Frank Miller, Sin City, est aisé à tisser, même si la comparaison est beaucoup trop flatteuse pour The Spirit qui reste une énorme déception. Certes l'utilisation du noir et du blanc, ainsi que des couleurs rouges ou jaunes à doses homéopathiques, donnent un même cachet à ces deux films. Mais l'exemple de The Spirit nous montre, pour une fois, que même la stylisation à l'extrême d'un film est complètement inutile si elle n'est pas supportée par un scénario et une mise en scène appropriée.

Potiches et plantes vertes

Oui Maîtresse!
Oui Maîtresse !!
Le seul aspect réussi sur lequel les deux films se retrouvent, outre l'aspect visuel, réside dans le casting féminin. Sin City voyait un défilé de pépés, toutes plus jolies les unes que les autres (Jessica Alba, Jaime King, Brittany Murphy, Carla Gugino, Rosario Dawson). Dans le même ordre d'idée, l'une des premières scènes de The Spirit nous montre une superbe créature, moulée dans un uniforme en cuir au décolleté ravageur, surgissant de l'eau telle une naïade fantasmatique : Eva Mendes (Sand Saref). La belle passera d'ailleurs une certaine partie du film dans des tenues à la limite de la crise cardiaque... quand elle ne laisse pas négligemment tomber son peignoir. Mais si on se contente de parler d'Eva Mendes en ces termes, c'est que son personnage pas franchement très profond, sauf au niveau du décolleté donc, lui laisse peu de place pour exprimer son talent. A l'opposé, Scarlett Johansson dont le seul nom fait frémir tant de coeurs masculins s'en sort mieux, avec un personnage intrigant, inquiétant, sexy en diable, mais qui semble danser sur une corde raide tendue entre les précipices de la folie, du désir et de cette froideur scientifique qu'avaient certains médecins nazis (Silk N. Floss). Pour finir de brosser le tableau des grâces de The Spirit, il faut rajouter une Paz Vega dont l'utilité est directement proportionnelle à la surface de ses habits (et elle danse en bikini), ainsi que Sarah Paulson aussi convaincante dans l'amoureuse transie que Kirsten Dunst en Mary-Jane dans Spider-man. Si l'on excepte Scarlett Johansson voire Eva Mendes (et encore...), les autres actrices passent pour de jolies plantes vertes.

Batman chez les Looney Tunes

Morgan de toi !
Morgan de toi !
Côté masculin, ne comptez pas retrouver non plus des personnages aussi forts que Hartigan (Bruce Willis) ou Marv (Mickey Rourke). Et il sera, en plus, difficile de se rincer l'oeil, à part quelques aperçus furtifs sur le torse musclé de Gabriel Macht qui joue le Spirit. Et je ne parle même pas de Samuel L. Jackson qui campe un Octopus drôle, sympathique et oubliable. Pourtant il y avait matière à faire avec le Spirit, une sorte de super-anti-héros (ou d'anti-super-héros) plus occupé à courir le guilledou et à draguer tout ce qui a une paire de seins qu'à résoudre correctement des enquêtes. En réalité, le Spirit est un peu un Batman poussé à l'extrême. Un personnage associé, voire confondu avec sa ville (Gotham pour la chauve-souris, Central City ici) au point qu'il en devient l'Esprit, l'autre n'étant censé qu'être son Noir Chevalier. Mais on a franchement de la peine à sentir de connivence entre le Spirit et Central City et la ville se révèle finalement bien absente du film. Au contraire une nouvelle fois de la Sin City de Miller. De la même façon, le Spirit a son ennemi préféré, son alter-égo maléfique : le fameux Octopus. Une nouvelle parodie des superhéros habituels. L'un et l'autre sont quasiment indestructibles et passent allègrement leur temps à se mettre des pains dans une ferveur humoristique. Et c'est là qu'on voit intervenir la troisième inspiration de ce The Spirit. L'aspect visuel rappelant Sin City, le héros et sa ville rappelant Batman, l'ambiance générale grand-guignolesque se tourne plus facilement vers... The Mask, avec armes gigantesques et second rôles cartoonesques qui ne passent pas. Oups !

Et c'est là que Frank Miller rate largement son coup. Outre un scénario nébuleux qui ne sera que vaguement compréhensible aux trois quarts du film, le mélange entre film comique, film noir et film de super-héros ne prend pas. Et comme un gâteau manqué, il en est indigeste. Il reste quand même pour le sauver cette image chiadée. Mais autant revoir Sin City ou attendre ses deux prochains volets. En espérant qu'ils soient meilleurs que le ratage de The Spirit.