6.5/10Serenity, L'ultime rebellion

/ Critique - écrit par Nicolas, le 19/10/2005
Notre verdict : 6.5/10 - Space cowboys (Fiche technique)

Tags : film serenity whedon ultime rebellion joss firefly

Si Firefly, la série, se voit plantée au bout d'une quinzaine d'épisodes faute d'audience, le coffret DVD ne fut pas pour autant boudé. Un argument d'un certain poids, qui permit à Joss Whedon, créateur de Buffy et d'Angel, d'obtenir la réalisation d'un long métrage qui servirait, à n'en pas douter, de point de conclusion à la série. Une aubaine pour les acteurs, laissés pour compte, qui répondent tous présents à l'idée de pouvoir donner un peu plus de profondeur à l'équipage du Serenity, sur grand écran ; Mais aussi un miracle, pour nous, de pouvoir l'accueillir dans les salles, puisque aucune chaîne grand public n'a encore eu l'audace de programmer la série.

Non seulement déclarée fugitive, River Tam (Summer Glau) transporte un secret. Un douloureux secret qui indispose l'Alliance, et qui doit donc mettre tous les moyens en oeuvre pour empêcher sa propagation. C'est ainsi que le Serenity et son équipage, sous les ordres de l'ex-militaire indépendantiste Malcolm Reynolds (Nathan Fillion), se retrouvent poursuivis par un Opérateur obstiné et malin, prêt à tout pour mettre la main sur la fillette...

D'une petite ellipse scénaristique composée d'un flash-back propret et d'un plan-séquence intra parois sidérales, le film démarre plus ou moins là où la série s'était arrêtée. Le problème, le noeud conflictuel probablement à l'origine de la faible expansion du film sur le territoire français, est qu'à part les branchés Série Club, peu de personnes sont initiées à la série Firefly et à l'équipage du Serenity. Et celle-ci compte neuf personnages principaux qu'il va bien falloir caser, pour avant tout ne pas dérouter les fans de la série (il y en a) tout en ne surchargeant pas le film d'une opération de rattrapage condensée sur une fenêtre de quelques dizaines de minutes. Certains seront donc très délaissés, à l'image du père Book ou de la compagnonne Inara, et d'autres un peu moins, mais dans la globalité, difficile de véritablement saisir l'essence et l'intérêt de chaque personnage, pour un profane. Difficile également d'appréhender les relations (conflictuelles ou non) qu'ils se vouent entre eux, de franchement comprendre leurs humours respectifs, d'imaginer le passé qui les hante et les difficultés qu'ils ont surmonté pour en arriver là.

Serenity est pourtant le point final de l'histoire, à priori, même si de nombreux thèmes sont laissés en suspens (les expérimentations sur River, le couple improbable Malcolm - Inara, etc) et que les évènements prennent une tournure que l'on n'attendait pas. Comme un épisode bouclant une saison, en plus long et en un peu plus dramatique. Survolés dans la série, les « ravageurs » se dotent d'un visage et d'un passé, deviennent une menace plus concrète aussi bien pour l'équipage que pour l'univers. River, elle, se bombarde fer de lance du film, jouant du grand écart et de la manchette à s'en fatiguer les membres sans forcément se détacher du personnage originel. Certes, l'esprit en est que mieux conservé, jusqu'à la réalisation. Joss Whedon, qui signe ici sa première oeuvre cinématographique, réplique les codes de la série et ne vautre pas son métrage dans une bouillie informe d'images, parviennant à conserver un certain rythme sans rechercher l'esthétisme à tout prix. L'action est claire, les plans spatiaux sont agréables à regarder, même si la qualité des effets spéciaux pêche de temps en temps, conférant au film le petit côté rudimentaire de Firefly alors que le film n'insiste pas vraiment sur les aspirations western. La musique, orientée country, interpellera peut-être les non-initiés, mais se fond à merveille dans le métrage sans jamais passer au premier plan, et offre une véritable bouffée d'air frais dans le paysage cinématographique de la science fiction.

Les fans auront peut-être l'impression de se planter devant un épisode de plus grande envergure, sans néanmoins retrouver ni les nombreuses petites références savoureuses qui donnait son charme à la série, ni même le si joli générique début. Autrement, Serenity innove sur trop peu d'aspect pour percer sur le territoire français, et il est fortement probable qu'il en soit de même outre-atlantique. Reste la qualité d'écriture des dialogues, toujours aussi bien fournie pour le capitaine Reynolds, et le bonheur de retrouver l'équipage au complet après l'échec de la série, dans une aventure distrayante et pas prise de tête.