Serenity, L'ultime rébellion - DVD
Cinéma / Critique de dvd / blu-ray - écrit par Nicolas, le 22/04/2006 (Tags : dvd serenity whedon eur joss blu ray
Critique du DVD
Si Firefly, la série, se voit plantée au bout d'une quinzaine d'épisodes faute d'audience, le coffret DVD ne fut pas pour autant boudé. Un argument d'un certain poids, qui permit à Joss Whedon, créateur de Buffy et d'Angel, d'obtenir la réalisation d'un long métrage qui servirait, à n'en pas douter, de point de conclusion à la série. Une aubaine pour les acteurs, laissés pour compte, qui répondent tous présents à l'idée de pouvoir donner un peu plus de profondeur à l'équipage du Serenity, sur grand écran ; Mais aussi un miracle, pour nous, de pouvoir l'accueillir dans les salles, puisque aucune chaîne grand public n'a encore eu l'audace de programmer la série.
LE FILM
Non seulement déclarée fugitive, River Tam (Summer Glau) transporte un secret. Un douloureux secret qui indispose l'Alliance, et qui doit donc mettre tous les moyens en oeuvre pour empêcher sa propagation. C'est ainsi que le Serenity et son équipage, sous les ordres de l'ex-militaire indépendantiste Malcolm Reynolds (Nathan Fillion), se retrouvent poursuivis par un Opérateur obstiné et malin, prêt à tout pour mettre la main sur la fillette...
D'une petite ellipse scénaristique composée d'un flash-back propret et d'un plan-séquence intra parois sidérales, le film démarre plus ou moins là où la série s'était arrêtée. Le problème, le noeud conflictuel probablement à l'origine de la faible expansion du film sur le territoire français, est qu'à part les branchés Série Club, peu de personnes sont initiées à la série Firefly et à l'équipage du Serenity. Et celle-ci compte neuf personnages principaux qu'il va bien falloir caser, pour avant tout ne pas dérouter les fans de la série (il y en a) tout en ne surchargeant pas le film d'une opération de rattrapage condensée sur une fenêtre de quelques dizaines de minutes. Certains seront donc très délaissés, à l'image du père Book ou de la compagnonne Inara, et d'autres un peu moins, mais dans la globalité, difficile de véritablement saisir l'essence et l'intérêt de chaque personnage, pour un profane. Difficile également d'appréhender les relations (conflictuelles ou non) qu'ils se vouent entre eux, de franchement comprendre leurs humours respectifs, d'imaginer le passé qui les hante et les difficultés qu'ils ont surmonté pour en arriver là.
Serenity est pourtant le point final de l'histoire, à priori, même si de nombreux thèmes sont laissés en suspens (les expérimentations sur River, le couple improbable Malcolm - Inara, etc) et que les évènements prennent une tournure que l'on n'attendait pas. Comme un épisode bouclant une saison, en plus long et en un peu plus dramatique. Survolés dans la série, les « ravageurs » se dotent d'un visage et d'un passé, deviennent une menace plus concrète aussi bien pour l'équipage que pour l'univers. River, elle, se bombarde fer de lance du film, jouant du grand écart et de la manchette à s'en fatiguer les membres sans forcément se détacher du personnage originel. Certes, l'esprit en est que mieux conservé, jusqu'à la réalisation. Joss Whedon, qui signe ici sa première oeuvre cinématographique, réplique les codes de la série et ne vautre pas son métrage dans une bouillie informe d'images, parvenant à conserver un certain rythme sans rechercher l'esthétisme à tout prix. L'action est claire, les plans spatiaux sont agréables à regarder, même si la qualité des effets spéciaux pêche de temps en temps, conférant au film le petit côté rudimentaire de Firefly alors que le film n'insiste pas vraiment sur les aspirations western. La musique, orientée country, interpellera peut-être les non-initiés, mais se fond à merveille dans le métrage sans jamais passer au premier plan, et offre une véritable bouffée d'air frais dans le paysage cinématographique de la science fiction.
Les fans auront peut-être l'impression de se planter devant un épisode de plus grande envergure, sans néanmoins retrouver ni les nombreuses petites références savoureuses qui donnait son charme à la série, ni même le si joli générique début. Autrement, Serenity innove sur trop peu d'aspect pour percer sur le territoire français, et il est fortement probable qu'il en soit de même outre-atlantique. Reste la qualité d'écriture des dialogues, toujours aussi bien fournie pour le capitaine Reynolds, et le bonheur de retrouver l'équipage au complet après l'échec de la série, dans une aventure distrayante et pas prise de tête.
LE DVD
Le contenu du DVD se présente sous d'élégants menus animés, faciles d'utilisation et esthétiques. Regrettable néanmoins que ceux-ci ne bouclent pas, et reviennent donc au menu précédent à la fin d'un certain temps. Et lorsque le menu principal arrive lui aussi au bout de sa minuterie, le film se lance automatiquement.
L'image ne souffre d'aucun défaut notable, et restitue extrêmement bien la beauté graphique et les couleurs du film. Le son n'a pas à rougir, très présent sur les enceintes arrières (en 5.1) en français comme en anglais.
Un petit bémol toutefois : les sous-titres ne font pas dans l'exactitude et prennent parfois des déviations assez surprenantes.
LES BONUS
La quasi-totalité fait dans le promotionnel, et se ponctue de scènes issues du film ou de la série. Au moins donnent-ils envie de continuer l'aventure en se procurant les épisodes de la série maudite de Whedon, malheureusement encore innaccessible pour la zone 2 (au moins le coffret Zone 1 offre une version française, mais attention à la casse !). Dommage que les sous-titres ne soient pas d'une qualité irréprochable, et que les intitulés des bonus n'illustrent que moyennement leur contenu.
Les commentaires audios de Joss Whedon
Avec humour, le réalisateur (malheureusement tout seul) commente Serenity en livrant anecdotes de tournage, bourdes de réalisation, et sources d'inspirations. Très complet, intéressant au possible.
Les scènes coupées
Au nombre de neuf, celles-ci se présentent pour la plupart sous forme de versions longues ou remontées de certaines scènes du film, insérant quelques répliques supplémentaires d'un intérêt assez discutable. L'avantage est que quelques unes de celles-ci permettent de mieux appréhender la relation ambiguë que se vouent Malcom et Inrara, mais au-delà de ça, pas grand-chose à en tirer.
Histoire du futur : histoire de l'ancienne Terre (5mn environ)
Un mini making-of, permettant à Joss Whedon de revenir sur ses sources d'inspiration, et d'expliquer un à un les éléments de cocktail de science-fiction relativement atypique. Intéressant, mais dans des proportions limitées.
Ce qu'il y a dans un Firefly (7mn environ)
Titre très étrange, compte tenu que ce petit making of de moins de sept minutes présente les effets spéciaux mécaniques et numériques du film ! à l'image du bonus précédent, plutôt intéressant si celui-ci avait été plus exhaustif.
Relancer le Firefly (9mn environ)
Un bonus de bien meilleur facture que les deux précédents, puisque celui-ci revient sur la série Firefly et sa brusque annulation dans des circonstances désolantes. Une occasion de recueillir le témoignage et la peine des acteurs principaux, ainsi que de rendre hommage aux fans de la série pour leur soutien et leur affection.
Voyage d'un réalisateur (20mn environ)
Le véritable making-of du film, très promotionnel, qui malgré le titre n'est pas fondamentalement dédié à Joss Whedon. Encore une fois, assez succinct malgré le nombre d'informations croustillantes dont il regorge.
Bêtisier (6mn environ)
Un petit montage des ratés, bêtises, et autres bafouillages des acteurs, majoritairement centré sur l'interprète principal du film, Nathan Fillion.
Introduction de Joss Whedon (4mn environ)
Apparemment récupéré sur une projection privée d'une version provisoire du film, cette introduction donne à Joss Whedon l'opportunité de remercier les fans de la série pour leur soutien, à coups d e grands superlatifs.
Conclusion
Un film loin d'être une sommité dans le genre, mais prenant, bien réalisé, et très distrayant.
Un DVD plus que fonctionnel, doté d'une image et d'une bande sonore remarquable.
Des bonus en grand nombre, mais de faible durée et d'un intérêt plus ou moins discutable.