Le royaume interdit
Cinéma / Critique - écrit par riffhifi, le 22/09/2008 (Jackie Chan et Jet Li dans le même film ? Un rêve de fan devenu réalité ? C'est précisément le sujet du Royaume interdit, qui au final n'est qu'un bon divertissement familial avec deux acteurs de légende.
Réunir à l'écran deux stars de même catégorie est un exercice périlleux. On se souvient par exemple du polar Heat, qui opposait Robert De Niro et Al Pacino dans un face-à-face tendu (on retrouvera le duo en octobre dans La loi et l'ordre), ou du franchouillard 1 chance sur 2, où Belmondo et Delon vieillissants faisaient équipe sous la caméra complice de Patrice Leconte. C'est du côté de ce deuxième film qu'il faut chercher le ton du Royaume interdit, entre hommage respectueux et auto-parodie assumée, avec un équilibre presque mathématique des rôles pour ménager les deux prestigieuses têtes d'affiche : Jet Li (45 ans) et Jackie Chan (54 ans)...
Jason Tripitikas (Michael Angarano) a 17 ans et ne jure que par les classiques du cinéma de Hong-Kong. Un jour, il découvre dans la boutique du vieux Hop (Jackie Chan) le bâton du mythique Roi-Singe (Jet Li). Catapulté dans la Chine antique, Jason va devoir ramener l'objet à son propriétaire, aidé par un Immortel bourré (Jackie Chan) et un moine pince-sans-rire (Jet Li).
Si vous avez bien lu le résumé, vous avez compris que Jackie Chan et Jet Li jouent chacun deux rôles dans le film, l'un "nature" et l'autre sous plusieurs couches de
Li Poilumaquillage pittoresque. Les deux stars du cinéma d'action, qui jouent ensemble pour la toute première fois, sont traités sur un pied d'égalité absolue par le scénariste John Fusco et le réalisateur Rob Minkoff. Bourré d'allusions plus ou moins directes au cinéma et aux mythes chinois (Jackie Chan et sa technique du Drunken Fist renvoient directement aux Drunken Master, par exemple), ce Royaume interdit parvient à effacer l'a priori négatif qu'on peut avoir face à un film américain exploitant le folklore et les acteurs chinois. Ni Jet Li ni Jackie Chan ne semblent se prostituer comme dans un The one (pour le premier) ou un Rush hour (pour le second) ; la raison de cette bonne tenue ne tient pas seulement aux bonnes intentions des auteurs et aux décors spécifiquement chinois, mais également à la présence de la star montante Li Bingbing en « Dame aux Chevaux Blancs » (très graphique), à celle de Collin Chou (connu en son pays sous le nom de Sing Ngai, mais déjà vu dans les américains Matrix reloaded et Dead or alive), à celle du chef opérateur Peter Pau (Tigre et Dragon, entre autres) et surtout à celle du chorégraphe Yuen Woo-Ping (déjà célèbre en 1999, au point d'être recruté pour Matrix) : ces deux derniers sont de telles pointures qu'ils ont pu passer plusieurs fois à la réalisation, et leur savoir-faire constitue incontestablement un atout de choc pour le film. Joli et rythmé, Le royaume interdit semble avoir échappé à son réalisateur pour atterrir entre les mains expertes des Chinois impliqués.
Du côté du scénario, rien de bien emballant : le public lorgné est clairement celui
Vous appelez ça une poignée de main ?!des jeunes adolescents, avec tout le potentiel « gnagnagna » que suppose la présence d'un jeune Yankee au milieu de l'aventure. On fermera donc les yeux sur le peu charismatique Michael Angarano pour se réjouir de la scène d'affrontement entre Chan et Li, de leurs quelques vannes subséquentes et de l'incarnation puérile mais rigolote du Roi-Singe par Jet Li. On regrettera que les deux acteurs ne partagent pas plus de temps à l'écran, et que les talents mis en jeu n'aient pas été réunis dans une histoire un peu plus excitante, mais rien n'empêche de se divertir devant les 90 minutes de ce film-hommage (voir le générique de début !) sans prétention excessive.