Prête-moi ta main
Cinéma / Critique - écrit par Vincent.L, le 31/10/2006 (Tags : main film gainsbourg comedie chabat charlotte alain
Prête-moi ta main constitue presque un exemple pour les films sentimentaux américains. Le troisième long métrage d'Eric Lartigau (après Mais qui a tué Pamela Rose? et Un ticket pour l'espace) démontre avec un certain brio que l'on peut réaliser une oeuvre à la fois sentimentale, drôle et sociologiquement pertinente. Le film s'est construit à partir d'une idée d'Alain Chabat, amusé par l'histoire d'un homme qui décide de payer une femme pour faire croire à sa famille qu'il va enfin se caser.
Porté par un couple qui se complète (c'est le but), Alain Chabat et Charlotte Gainsbourg confirment une nouvelle fois leurs talents respectifs. Avec une petite nouveauté pour la fille de Serge. En plus de la mélancolie habituelle qu'elle dégage et du charme délicieux de sa voix sensuelle, elle prouve un étonnant talent comique. Rarement dans le cinéma français une actrice paraît si fraîche, tendre et représentative des "gens ordinaires". En face d'un Chabat pas vraiment crétin, juste un peu barré, l'héroïne de La Science des rêves constitue le parfait contrepoids. Elle tempère ses excès, entre dans son jeu un peu fou tout en gardant sa personnalité, ses rêves et espoirs.
Fort de quiproquos familiaux, Prête-moi ta main ne s'apprécie pas pour son scénario conventionnel et sans surprise. Savoir que le couple va au final s'entendre n'a en effet aucun intérêt. Le genre du film l'impose et la bande annonce le dévoile sans honte. Par contre, tous les petits dialogues rigolos, dopés par un sens aigu de la repartie des deux côtés du couple, donnent une belle énergie. Une vigueur qui ferait presque oublier le côté répétitif du procédé comique principal et des temps morts à la limite du niais. Grâce à l'accumulation de saynètes de vie familiale, le film est aussi riche en anecdotes représentatives. On y retrouve l'esprit de communauté, de retrouvailles, de traditions, de petites manies... Autant d'aspects agréables qui parlent à tout le monde et dont les effets sont d'autant plus efficaces. Reste que sur 1h30, la minceur du scénario et les aspects dramatiques montrent leurs limites. Malheureusement pas totalement comblées par les gags.