7/10Les naufragés de l'espace

/ Critique - écrit par Filipe, le 21/10/2003
Notre verdict : 7/10 - Apollo avant 13 (Fiche technique)

John Sturges est une figure emblématique du cinéma américain. Originaire de l'Illinois, il réalise des documentaires en Afrique et en Italie, étant engagé dans l'armée de l'air. Démobilisé, il est aussitôt embauché par les fameux studios de la Columbia. Il réalise là plusieurs westers, parmi lesquels Jeopardy avec Barbara Stanwyck et Gunfight at the O.K. Corral avec Burt Lancaster et Kirk Douglas. Il réalise également les Sept mercenaires, film qui réunissait également une étonnante brochette de stars : Steve McQueen, James Coburn et Charles Bronson. Il tourne encore avec Frank Sinatra, Gregory Peck, Clint Eastwood et Robert Duvall. John Sturges réalise les Naufragés de l'Espace en 1969 et s'éloigne ainsi radicalement de son genre de prédilection, celui qui l'a tout bonnement rendu célèbre.

Après avoir passé plusieurs mois en orbite, trois astronautes américains se préparent à retourner sur Terre. Ils s'aperçoivent au tout dernier moment que leur propulseur, qui constitue ni plus ni moins leur billet de retour, n'est plus en état de marche. Et pendant que les ingénieurs de la NASA organisent leur sauvetage, les trois hommes de l'espace doivent pour leur part économiser la moindre molécule de dioxygène à bord.

Réalisé en 1969, soit un an après le cultissime 2001 de Stanley Kubrick, les Naufragés de l'Espace est un nouveau témoignage de l'intérêt croissant des cinéphiles pour le cinéma fantastique. A cette époque, l'ensemble de la planète avait les yeux rivés sur le ciel azuré. En 1957, les Soviétiques avaient devancé leurs rivaux américains en lançant autour de la Terre son tout premier satellite artificiel. La conquête de l'espace, que de nombreux auteurs imaginaient déjà depuis bien longtemps, était désormais une réalité. Les Naufragés de l'Espace a ainsi été réalisé alors qu'Armstrong et Aldrin réapprenaient à faire leurs premiers pas sur notre Lune. Bien d'autres réalisateurs essaieront à leur tour de bâtir un ensemble cohérent autour du thème de la conquête spatiale. Et force est de constater que le film de John Sturges a été pour eux une sacrée référence en terme de mise en scène et de scénario à rebondissements.

Les récentes tentatives cinématographiques en terme d'odyssées spatiales tendent à rendre la réflexion scénaristique de ce film relativement banale en fin de compte. On a déjà vu tout çà. Des astronautes américains sont expédiés au-dessus de nos têtes pour procéder à des expériences scientifiques en apesanteur. Seulement, les voilà pris au piège par leurs propres moyens techniques. Malgré les réticences de certains membres importants de la NASA, le verdict du Président américain est catégorique. La NASA décide bientôt d'expédier un deuxième bolide et un quatrième astronaute américain en plein Espace. Le monde entier retient son souffle. Mais très vite et simultanément, ingénieurs et astronautes doivent faire face à de nombreuses complications.

Au premier abord, le film est une sorte d'hommage rendu aux astronautes et aux équipes au sol chargées de les superviser. Le soin apporté à l'ensemble des décors du film et aux séquences de décollage cherche à lui conférer une certaine crédibilité. Mais aujourd'hui, le film ressemble davantage à une sorte d'allégorie de la bonté d'esprit, de la solidarité humaine. A plusieurs années-lumière de l'intensité qui émane de l'Odyssée kubrickienne, les Naufragés de l'Espace reste toutefois une aventure captivante puisque parfaitement incertaine. A noter que l'excès de patriotisme auquel il était légitime de s'être préparé est, en réalité, sérieusement mis à mal lors du dénouement. Le film est, au passage, bien mieux ficelé que celui de Ron Howard, Apollo 13.