Le Monde de Narnia - Chapitre 1 : Le lion, la sorcière blanche et l'armoire magique
Cinéma / Critique - écrit par weirdkorn, le 21/12/2005 (
Les têtes pensantes de Disney sont toujours à la recherche d'un bon filon à exploiter jusqu'à la dernière goutte. Il viennent de lancer dans cet esprit les chroniques de Narnia, ouvrage en 7 volumes du très réputé CS Lewis qui ressemble fortement à de l'héroïc-fantasy pour enfant. Quitte à faire durer la franchise, on commence par adapter le deuxième tome, à savoir Le lion, la sorcière blanche et l'armoire magique puisqu'on y retrouve les mêmes personnages principaux que dans le quatrième tome. Bref, préparez-vous à manger du Narnia si le film marche, ce qui a toutes les chances d'arriver puisque Andrew Adamson, père de Shrek et spécialiste ès bambins, s'est attelé à la tâche.
On retrouve effectivement dans Le monde de Narnia tout le savoir-faire du réalisateur. Il possède un talent certain pour mettre en scène et pour raconter une histoire, même en la simplifiant et l'infantilisant pour capter l'attention des petites têtes blondes. De toute façon l'histoire parlait d'elle-même et il ne faut pas aller plus loin que mettre des enfants sauveurs d'un monde inconnu et fantastique pour qu'ils s'intéressent au film. Le réalisateur peut même s'enorgueillir d'avoir parfaitement réussi la transition entre le monde animé et le monde réel puisque la direction d'acteurs et surtout les points techniques sont orchestrés avec talent. Non, Andrew Adamson n'a rien à se reprocher si ce n'est d'avoir tenu à faire sa version épurée du Seigneur des anneaux pour une cible quasi uniquement enfantine.
En effet, on trouve dans Le Monde de Narnia ce côté film pour enfants avec tout ce qu'il entraîne de bien et de mal. L'histoire gentille et moraliste devient vite manichéenne et aseptisée, comportant tout ce qu'il faut comme acte de bravoure et leçon de morale. Les enfants jouent leur rôle de héros avec justesse ce qui signifie qu'on a souvent envie baffer les adultes pour qu'ils se montrent responsables. Les touches d'humour sont les bienvenues, apportant une fraîcheur et un amusement nécessaires à un ensemble bien trop long. Les scènes d'action manquent et mis à part la superbe bataille finale on restera sur sa faim à ce niveau. Le film dure trop longtemps et la lenteur de l'évolution de l'intrigue ne fait qu'empirer les choses pour un résultat qui semble encore plus long que King Kong. Est-il nécessaire de préciser qu'on ne verra pas une goutte de sang et que toute action violente se verra inéluctablement détournée ?
Ces premières aventures du monde de Narnia souffrent finalement des défauts inhérents au genre mais se rattrapent totalement au niveau technique et visuel. Quelle claque ! Mis à part quelques ratés (le traîneau, la cascade de glace qui fond, quelques incrustations en arrière-plan), on en prend véritablement plein la vue, particulièrement au niveau de la digitalisation des animaux. Le lion, les panthères, les ours, les minotaures, les centaures, toutes ces créatures sont magnifiques et parfaitement animées. Mention spéciale au lion et aux castors dont le jeu et la présence à l'écran équivalent largement ceux de leur camarade humain. Les décors sont superbes et le niveau de détail particulièrement poussé, faisant de ce film un des plus beaux de l'année 2005.
Nombre d'éléments étaient présents pour réaliser quelque chose d'énorme : l'esthétisme, la mise en scène, les effets spéciaux ou l'histoire générale. Malheureusement, le public ciblé est enfantin et l'on se retrouve dès lors avec un film gentillet et simplifié. Mais plus que cette envie de plaire aux jeunes adolescents, on retiendra les nombreuses longueurs qui coulent le film à elles-seules. Avec de bonnes coupes et un rythme plus entraînant, Le lion, la sorcière blanche et l'armoire magique aurait pu être très grand. Cela dit, qu'est ce qu'il est beau !