La Momie : La tombe de l'empereur dragon
Cinéma / Critique - écrit par Nicolas, le 07/08/2008 (Pour changer, une momie veut gouverner le monde, et les O'Connell s'y opposent. Sauf que cette fois, il n'y a pas de bandelettes. Horreuuuuuuuuuuuur !
Milieu des années quarante. Rick O'Connell (Brendan Fraser) et sa femme Evelyn (Maria Bello) sont à la retraite, le premier se cherchant désespérément un passe-temps d'adulte calme et sécurisant, tandis que la seconde romance leurs aventures dans des best-sellers. Quant à leur rejeton Alex (Luke Ford), théoriquement, il est en cours, c'est tout du moins ce que croient les parents. Celui-ci ne trouve pas mieux que de dénicher une statue asiatique représentant un ancien empereur chinois (Jet Li) pas forcément sympathique avec l'humanité. Pire, ladite statue serait porteuse d'une malédiction, dont la teneur ne devrait certainement pas plaire aux O'Connell...
"Sans blague, une nouvelle momie ?"Ne vous faites pas suer dans une séance de rattrapage, voir les deux premiers épisodes n'est absolument pas nécessaire pour « apprécier » - plutôt comprendre (et encore) - celui-ci. Un mal pour un bien, d'une certaine façon, puisqu'il aurait été vraiment déplacé de croire que La Momie et sa suite foireuse faisaient partie du patrimoine culturel commun, et qu'il n'était donc pas nécessaire de simplifier les choses pour le faire aimer du public. Les grandes nouveautés sont au nombre de deux :
la première est que Rachel Weisz décline le rôle d'Evelyn Carnahan, jugeant son personnage sans grande perspective d'avenir avec le scénario présent. Les têtes pensantes du projet ne se laissent pas démonter pour autant, et engagent Maria Bello pour la remplacer, pour le meilleur et surtout pour le pire. Ce n'est pas que Bello soit contestable sur son relatif talent de comédienne, c'est plutôt Rachel Weisz qui démontre un tout aussi relatif esprit d'analyse en ayant prévu à juste titre que Evelyn ne comptait plus. Difficile effectivement de dresser un historique du personnage entre les épisodes tellement celui-ci devient une coquille vide sans aucune espèce d'importance.
La deuxième, c'est évidemment le contexte géographique et historique, avec des vrais Chinois dedans. Fini l'Egypte mythologique et son sable torride, bienvenue en Chine ! Enfin, c'est ce que nous croyons, car finalement, la Chine, il a l'air d'y avoir pas mal de sable aussi. Ou de la terre qui ressemble à du sable. En tout cas, pas de grande muraille, de cité interdite, tout ça. Du coup, pour crédibiliser, Jet Li et Michelle Yeoh s'ajoutent au casting, ce qui ajoute au caractère décevant du film. Pourquoi se payer deux professionnels du bourre-pif de haut vol et les laisser au sol comme deux petits figurants de bas étage ?
("Je connais les malédictions sur le bout des doigts,
j'espère qu'ils ne vont pas m'interroger
sur les bénédictions...")Si Brendan Fraser dégringole à peine de son statut de baroudeur blagueur, l'autre grande erreur est d'avoir voulu considérer son fils comme un élément de scénario intéressant. A quoi cela sert-il de lui fourrer vingt années de plus si c'est pour le transformer en modèle réduit de son père ? Le garçonnet du deuxième épisode était pénible, certes, mais avait au moins le mérite de se démarquer un peu de la bande d'adultes bagarreurs qui s'agitait autour de lui. Le voilà devenu bagarreur aussi, beau gosse, et amateur de flingues. John Hannah, quant à lui, inénarrable interprète de Jonathan Carnahan, tire sur la corde. Soyons honnête, on le savait, que son personnage était un faire-valoir comique, et il était amusant de voir que les scénaristes essayaient de lui donner un peu d'importance à l'histoire, jusque là. Désormais, plus besoin de prétexte, et c'est en hochant que la tête que l'on s'aperçoit qu'à peine avons-nous eu le temps de constater qu'il avait rejoint l'histoire qu'il se faisait déjà vomir dessus. La classe.
Je ne vous cache pas que, si je me mets à parler de scénario et de réalisation sur le fin, c'est que ces deux aspects ô combien importants du film ne rattrapent en rien le naufrage du reste. Ainsi, Rob Cohen succède à Stephen Sommers sans grandes pompes, ne fait rien de remarquable et se permet même de rater tous les passages dramatiques et rebondissements qui se présentent à lui. Quant à l'histoire, elle empile avec froideur et sans s'enrhumer les plus invraisemblables évènements qui puissent réveiller une momie éteinte depuis longtemps. Nous allons même jusqu'à passivement regarder une bande de yétis défendre nos héros et leur servir de brancardiers - la petite claque qui nous fallait pour nous réveiller et nous rendre compte qu'on s'ennuyait pratiquement depuis le début.
Comme un certain nombre de suites tardives, La Momie 3 aurait mieux fait de rester enterrée. Possible d'ailleurs qu'elle retourne rapidement sous terre avec la sortie prochaine de The Dark Knight. En attendant, à moins que vous ne soyez fans d'effets spéciaux pop-corn et d'humour bas de plafond (le petit second degré ayant lui-même disparu), prière de réfléchir à deux fois avant d'acheter un ticket, surtout si c'est votre cinéma du mois.