Miss Daisy et son chauffeur
Cinéma / Critique - écrit par nazonfly, le 11/03/2008 (Tags : daisy film miss chauffeur comedie hoke blu
De bons acteurs, une histoire touchante et profonde. Assurément les récompenses de ce film, Oscars et Golden Globes, sont méritées.
Une spéciale Oscars sur Krinein ? Quelle idée saugrenue. Surtout quand on s'aperçoit au dernier moment que les films les plus récents sont déjà chroniqués, que les vieux films qui semblent intéressants sont indisponibles. Une fois la liste dressée, et les informations recoupées, il faut me rendre à l'évidence : il ne reste qu'un film dont, qui plus est, je n'ai jamais entendu parler, Miss Daisy et son Chauffeur pourtant oscarisé en 1990. En version originale, souvent plus punchy, il s'appelle Driving Miss Daisy. Le casting semble plutôt sympathique : Morgan Freeman, Jessica Tandy (heureuse gagnante de l'Oscar de la Meilleure Actrice) et Dan "Ghostbusters" Aykroyd. Jetons un oeil sur le synopsis et là, comme dirait l'autre, c'est le drame.
Je cite : « 1948, Atlanta. Daisy Werthan, vieille juive riche, énergique et autoritaire, s'entête à conduire elle-même malgré ses 72 ans, et finit par envoyer sa voiture sur le bas-côté. Son fils lui achète un nouveau véhicule assorti d'une condition : Miss Daisy devra désormais accepter un chauffeur en la personne de Hoke Colburn, un Noir d'une cinquantaine d'années, pauvre, patient, compétent et serviable. Elle commence par l'accueillir très fraîchement, mais malgré les différences qui les séparent, leur relation va peu à peu se transformer en amitié... »
Une bluette sentimentale ?
Ces quelques lignes suffisent à me mettre dans un état d'apathie avancée. Pas de Braveheart, pas de Rain Man, juste une de ces désespérantes comédies à l'eau de rose, à l'esprit bien pensant. En plus, il n'est disponible qu'en version française.
Les premières minutes sont catastrophiques, pile dans la lignée de ce que j'imaginais. Une vieille dame, la fameuse Daisy (Jessica Tandy), plante pour la nième fois sa voiture. Son fils (Dan Aykroyd) lui conseille une chose : prendre un chauffeur. Refus catégorique de la vieille dame qui se rapproche beaucoup plus de la vieille acariâtre que de la mamie gâteau : elle prendra le bus si elle ne peut pas conduire ! Heureusement, le fiston engage quand même un conducteur (Morgan Freeman) pour seconder la vieille dame. Ce chauffeur est aussi drôle et aimable que Daisy est désagréable et antipathique.
Dès les premières secondes du film, le spectateur, malin comme un singe, aura deviné la fin : ils s'apprécièrent, se marièrent et n'eurent pas beaucoup d'enfants pour cause de date limite de conception dépassée, mais le coeur y était franchement.
Attention rien n'est révélé ici
Mais à malin, malin et demi, et Bruce Beresford fait partie de ces vieux singes à qui on n'apprend pas à faire la grimace. Et il va surprendre le pauvre spectateur que je suis. La relation entre Daisy et son chauffeur est, à la fois, plus simple et plus compliquée que mon hypothèse originale. Plus simple et plus compliquée ? Que cela signifie-t-il ? Tout simplement que s'aventurer dans les détails gâcherait la fin du film. J'en épargne donc le lecteur qui n'a besoin de ne savoir qu'une chose : le final a réussi à me toucher et c'est déjà un petit exploit. Et c'est aussi pour ça qu'on aime le cinéma.
L'autre réussite du film est de réussir à aborder, au cours des longues années qu'on voit défiler à l'écran, un aspect fondamental de la vie de Daisy et de son chauffeur, ce qui les réunit finalement par dessus tout : le racisme. Non pas le racisme du Ku Klux Klan et du nazisme, mais le racisme ordinaire, tellement quotidien qu'il en deviendrait presque anodin. Bruce Beresford saupoudre ainsi intelligemment son film de ces dizaines de petites remarques fourbes et irréfléchies : Hoke n'a pas le droit d'aller aux toilettes réservées pour les blancs, le simple nom de Werthan semble être à peine meilleur que la peste. Le genre de racisme qui, finalement, peine à disparaître.
Gentille réussite
Miss Daisy et son chauffeur est un film en tons pastels qui, tout en douceur, touche le spectateur, même le plus récalcitrant, et arrive à dépasser son sujet pour proposer une certaine vision de la société, sans toutefois ruer dans les brancards. Une gentille réussite.