7/10Max la menace

/ Critique - écrit par riffhifi, le 11/09/2008
Notre verdict : 7/10 - Groucho Max (Fiche technique)

Tags : menace agent film have smart chef control

Fidèle à la série mais un peu timoré, ce Max la Menace cinéma sous-exploite son potentiel. La double approche espionnage/comédie aurait pu décupler le rythme, elle se contente de le paralyser un peu.

Parmi les spectateurs de Max la menace, le film, il y aura deux types de gens : ceux qui connaissent la série (et qui aiment, forcément), et ceux qui ne connaissent pas (les pauvres). En France, on trouvera surtout des membres de la deuxième population, qui s'intéresseront forcément moins aux multiples clins d'œil disséminés dans le métrage, et ne verseront pas leur larmichounette en voyant Steve Carell vivre une variation du fameux générique. Dédiée à Don Adams et Edward Platt, interprètes aujourd'hui décédés de Max et du Chef, l'adaptation met un point d'honneur à recenser la quasi-totalité des éléments clés de la série : la musique (respectueusement réorchestrée), les personnages (jusqu'aux The Rock ne porte même pas de cravate. Quel plouc.
The Rock ne porte même pas
de cravate. Quel plouc.
apparitions de pure politesse effectuées par le chien Fang, le robot Hymie et le mythique agent 13 - Bill Murray de passage), les gadgets (la chaussure-téléphone...) les phrases (« Would you believe... ? », « Sorry about that, Chief. », etc. - on déplore l'absence de « ... and loving it ! » et « I asked you not to tell me that ! »)... On remarque même l'apparition de Bernie Kopell, l'interprète original de Siegfried, et un clin d'œil à Mr. Big, le vilain du pilote de la série, joué par feu Michael Dunn ! Le fan se tortillera donc régulièrement de plaisir sur son siège, heureux comme un gosse qui retrouve ses jouets oubliés à la cave. Mais le néophyte aura-t-il de quoi se mettre sous la dent ?

Maxwell Smart (Steve Carell) est analyste pour l'agence gouvernementale secrète CONTROL. Son chef s'appelle le Chef (Alan Arkin), ses potes sont les geeks Bruce (Masi Oka) et Lloyd (Nate Torrence), et son modèle est l'agent 23 (Dwayne ‘The Rrrrrrrrrrrock' Johnson), l'armoire à glace superstar du service. Lorsque l'organisation criminelle KAOS met la main sur un fichier contenant l'identité de Si je mets la main sur le gars du pressing...
Si je mets la main sur le gars du pressing...
tous les agents de CONTROL, le Chef n'a d'autre choix que de promouvoir Max au rang d'agent 86, et de lui adjoindre l'agent 99 (Anne Hathaway), qui a récemment changé de visage. Ensemble, ils devront déjouer les plans du vilain Siegfried (Terence Stamp)...

Comme dans la série, Max est un personnage décalé : pas réellement mauvais dans son boulot d'espion, mais trop sûr de lui, régulièrement déphasé et gaffeur, et fondamentalement veinard (malgré les gamelles incessantes qu'il se prend). Le jeu de Steve Carell, tout en humour à froid, pourra laisser sur le carreau les intégristes des grimaces de Don Adams, mais remportera l'adhésion des amateurs de la série The office US, où l'acteur fait un tabac depuis trois ans. Il forme avec Anne Hathaway un couple romantique et comique plutôt convaincant, mais n'a aucun mal à tirer la couverture à lui - ce qui n'est pas particulièrement gênant. Les personnages ajoutés comme le duo Bruce & Lloyd et l'agent 23 ne paraissent pas particulièrement indispensables, mais s'intègrent plutôt bien à l'ensemble, de même que les flash-backs du passé d'obèse de Max. Ce qui frappe surtout dans le film, c'est le choix de ne pas se diriger vers la comédie pure, mais de ménager une véritable succession de scènes « à la James Bond », avec ses explosions et son sosie de Requin ; sans aller jusqu'à dire que le sérieux est roi, il faut bien admettre qu'on Si vous préférez être au-dessus, il faut le dire.
Si vous préférez être au-dessus, il faut le dire.
n'est pas dans la course au gag que peut constituer par exemple un Y a-t-il un flic... ? (dont Peter Segal a pourtant réalisé le troisième opus). On se situerait plutôt dans la mouvance des premières Panthère rose de Blake Edwards, façon Quand l'inspecteur s'emmêle (1965) : il y a d'ailleurs un peu de Peter Sellers chez Steve Carell, et Alan Arkin a lui-même interprété l'inspecteur Clouseau en 1968 !

A l'arrivée, le film manque un peu de souffle, et gagne en standing ce qu'il perd en drôlerie ; mais on notera au passage que le futur ex-président George W. Bush est devenu l'équivalent d'un personnage de la Commedia dell'arte, une figure comique avec ses codes et ses gags officiels... et on saluera tout de même quelques très bons gags qui ont l'immense qualité d'être inédits (de plus en plus rare), ainsi qu'un usage de l'anticipation similaire à celui de la série (on sait ce qui va se passer, et on en rigole d'avance). Mais finalement, l'humour de Max la menace étant largement basé sur la répétition, on n'attend qu'une chose. Osera-t-on le dire ? Une suite ! Vu le succès du film aux USA, on y croit fermement.