Hyper tension 2
Cinéma / Critique - écrit par riffhifi, le 17/08/2010 (Tags : film tension hyper action avis films premier
Hyper tension était un film d'action extrême et bien fou. Hyper tension 2 est deux fois plus extrême et trois fois plus fou. Qu'un tel morceau de bonheur ne soit pas sorti dans nos salles est tout simplement honteux.
En 2006, le duo Mark Neveldine / Brian Taylor signait un film d'action bien secoué appelé Hyper tension (Crank pour les anglophones) : on y voyait Jason Statham dans le rôle d'un dur-à-cuire appelé Chev Chelios, obligé de rechercher constamment des décharges d'adrénaline pour activer son cœur gangréné par un poison, et gagner ainsi le temps nécessaire au châtiment de ses ennemis. Difficile de ne pas spoiler la fin du film, dans la mesure où l'affiche de la suite (inédite dans
les salles françaises, mais sortie en DVD et Blu-ray en octobre dernier) annonce : « Il était mort... mais ça va mieux ». Chelios se réveille chez d'affreux vilains, affublé d'un cœur artificiel qui ne le maintiendra en vie que quelques heures. Bien décidé à récupérer son véritable palpitant et à découvrir qui veut s'amuser avec son corps, il prend la route avec sa batterie, ignorant encore qu'il va devoir à nouveau faire preuve d'ingéniosité et de virilité pour se maintenir debout...
Que les choses soient claires : Hyper tension 2 fait passer son prédécesseur pour un épisode de Derrick. Jetant par la fenêtre toute velléité de crédibilité, les scénaristes-réalisateurs Neveldine & Taylor branchent leur héros sur une batterie de voiture, récidivent dans le sexe en public, multiplient les scènes de violence, de strip-tease, d'insultes fleuries, et poussent l'intensité acceptable d'un film d'action bien au-delà de ses limites. A plusieurs reprises, on déborde du cadre de l'intrigue pour encaisser un trip surréaliste, assister à une digression ou contempler un flash-back probablement fantasmé... Quant à Jason Statham, toujours charismatique en diable, il donne de sa personne et va jusqu'à déployer une palette de grimaces hilarantes qui entérine l'angle comique choisi pour cette suite. On cohabite donc avec la comédie hystérique, on flirte avec la science-fiction
quand on n'y met pas carrément les deux pieds, et on perd haleine à essayer de suivre le rythme infernal des aventures de Chev Chelios. Brutal, macho, insolent, révoltant et décomplexé, le film ne prend pas le temps d'envisager d'être politiquement correct, et préfère embarquer le spectateur dans un tour de grand huit dont on ressort épuisé.
Au rayon des guest stars, on croise David Carradine dans un de ses derniers rôles avant pendaison testiculaire (le bonhomme tournait tellement que sa filmographie se prolonge d'une dizaine de films après sa mort - sa dernière prestation ne sera visible sur les écrans qu'en 2011 !), mais aussi l'ancienne Spice Girl Geri Halliwell, le lutteur MMA Keith Jardine, le chanteur de Linkin Park ou encore une poignée d'acteurs pornos parmi lesquels on trouve le célèbre Ron Jeremy, vedette du genre depuis la fin des années 70. L'hommage à la sous-culture est omniprésent, et va jusqu'à prendre la forme de clins d'œil explicites à quelques genres de série B déjà désuets : film de kung-fu, blaxploitation, kaiju eiga...
Le savoir-faire, la générosité et l'énergie démentielle des cinéastes éclatent ici de façon bien plus manifeste que dans le sympathique mais imparfait Ultimate Game. Désormais, on attend avec impatience leur Ghost Rider 2... dont on a déjà une sorte d'avant-goût à la fin de cet Hyper tension 2, décidément indispensable. Et un troisième opus, c'est pour quand ?