Howard le canard
Cinéma / Critique - écrit par riffhifi, le 21/03/2008 (Tags : howard canard film duck marvel comics heros
Film culte ahurissant, Howard reste dans les mémoires comme le plus gros bide de George Lucas. Et comme un des nanars les plus empreints du goût des années 80.
En 1986, George Lucas a la cote. Auréolé du succès des trois premiers Star Wars, il décide de produire un nouveau film de science-fiction, basé sur une improbable bande dessinée de Marvel Comics. Que le ridicule du projet ne l'ait pas effleuré semble inconcevable avec le recul, mais à l'époque, Lucas croit vraiment faire un triomphe avec cette nouvelle production, au point d'y investir un budget quasiment égal à celui du Retour du Jedi : 30 millions de dollars. L'exploitation du film dans le monde entier couvrira à peine les dépenses. Et jamais un film aussi cher n'aura eu l'air aussi fauché.
L'énoncé du scénario laisse pantois : Howard, qui vit dans un monde de canards et travaille comme concepteur publicitaire, rentre chez lui un soir et regarde la télé. Soudain, il est happé par un vortex qui lui fait traverser l'univers en compagnie de son fauteuil. Il atterrit sur Terre, où il rencontre la chanteuse de rock Beverly Switzer (Lea ‘Retour vers le futur' Thompson) et le laborantin enthousiaste Phil Blumburtt (Tim ‘je suis pas encore connu' Robbins).
Le problème majeur du film, à sa sortie, fut de ne pas rencontrer son public. Un public constitué aujourd'hui de geeks, de fans des années 80 amateurs de rock rétro et d'effets spéciaux à la Jack Burton. De là à dire que Howard avait 20 ans d'avance, il y a un pas qu'on se gardera bien de franchir ; n'empêche qu'à l'époque, le film ne s'adressait ni aux enfants (Howard picole, fume, ne se déplace jamais sans capotes et parle mal), ni aux adultes (l'humour est souvent puéril et le sujet franchement limité). Le ton clairement comique contrastait avec la nature affichée de blockbuster et le héros était... un canard de 1m20 au garrot ! Lubrique, grossier, le personnage de Howard est d'autant plus décalé qu'il ne ressemble à rien : le costume est réputé pour avoir coûté deux millions de dollars à George Lucas, mais se présente comme un simple casque en papier mâché équipé de deux mouvements mécaniques pour animer les yeux. Les moments les plus navrants sont bien entendu les séquences d'action, où Howard pratique le Quack-Fu (sic) contre les petites frappes qui menacent sa copine Beverly.
"Laisse-moi descendre, espèce de canard !"Incapable de tenir la route une seule seconde comme film d'action (le vilain de l'histoire est tout bonnement navrant), Howard se rattrape sur l'humour décomplexé, à base de jeux de mots pourris (privilégiez la version française) et d'audace verbale incongrue (« barre-toi, conne »). Visuellement, le film est si faible qu'on en vient à croire que les 30 millions de dollars ont été purement et simplement dépensés au casino par l'équipe technique. D'ailleurs, le réalisateur Willard Huyck, précédemment coscénariste de American Graffiti et de Indiana Jones et le temple maudit, ne touchera plus jamais une caméra de sa vie (il paraît même qu'il existe une décision de justice à ce sujet, certaines personnes ayant perdu la raison après avoir vu Howard le Canard).
Nanar incroyable mais culte, Howard mériterait une vraie sortie DVD (pas seulement allemande et introuvable) pour sauver de l'ignorance cette génération qui méprise la vidéocassette. D'autant plus qu'entre la première heure et la ‘géniale' chanson finale, il y a bien 45 minutes qu'on aimerait pouvoir sauter grâce au chapitrage...