Hero
Cinéma / Critique - écrit par Sylvain, le 27/09/2003 (Tags : hero heros film chanson anglais francais dictionnaire
Z'Hero
Les fidèles lecteurs de Krinein auront remarqué que cette critique est parue après celle de Selena concernant le même film.
En effet, même chez nous (comment ça surtout chez nous ?), les avis sont parfois divergents. Alors autant le dire tout de suite, je n'ai pas aimé, mais alors pas du tout, le film Hero.
Tout d'abord quelques faits concernant le film : Hero est un film à production sino-américaine, tourné en 2002 par Zhang Yimou (palme d'or à Cannes en 91 pour Epouses et concubines). Zhang Yimou est d'habitude un très bon réalisateur (en tout cas c'est mon avis) mais il a un travers : il a commencé sa carrière comme chef de la photo. Pour assurer le coup ici, il a embauché Christopher Doyle, un chef opérateur de talent particulièrement apprécié par Wong Kar-Wai.
Alors tout ça se voit, la plastique du film est de toute beauté, sans compter que les décors (désert de Gobi, lac du Sichuan) incitent à la sérénité et à la méditation. Pourtant le film m'a déplu...
Le principe du film par exemple. Nous sommes ici en présence d'un récit de chevalerie (wuxia en chinois), le récit de chevalerie étant une espèce de monstre du Loch Ness pour les réalisateurs chinois (Ang Lee avec Tigre et Dragon par exemple) : chacun veut faire le sien !
Ici c'est raté, le scénario est trop indigent et la poésie de la chose sonne bien trop fausse pour que l'on puisse mordre à l'hameçon. J'ai lu (sur le web) que Yimou avait voulu faire un film à la Kurosawa (on a comparé Hero à Ran et Rashomon), mais lorsque je regarde un film de Kurosawa, je vois certes un film au rythme lent et comtemplatif, mais je vois aussi un sens du cadrage et une réalisation parfaitement ciselés et efficaces.
Je n'aurais jamais la prétention de dire que la réalisation de Yimou est mauvaise, mais je la trouve bien trop "molle" pour un film comme celui-là, qui devrait être bâti avec une rigueur extrêmement forte.
Parlons maintenant des acteurs. On retrouve bien sûr Jet Li, qui fait très bien du Jet Li et qui donc ne surprend pas vraiment. En revanche c'est pour moi la déception concernant Maggie Cheung, mais surtout Tony Leung : ils étaient tous les deux éblouissants dans In the mood for love, ici ils assurent à peine le minimum syndical. Maggie Cheung s'en sortant un peu mieux grâce à son jeu "glacial" qui colle bien au personnage.
Enfin, Ziyi Zhang retrouve le genre de film qui a fait son succès, et comme d'habitude son jeu n'est pas intéressant et laborieux, donnant l'impression que n'importe qui peut être acteur (je ne sais pas pour vous, mais à chaque fois que je la vois, je pense à une pub qui passait au ciné et qui disait un truc genre "XXX est comme une brise d'été sur mon corps, comme un soleil qui brillerait de..." de manière très laborieuse).
Dernière chose, l'adéquation du film avec son budget. Il a été dit que le film avait coûté 30 millions de dollars, et que c'est pour ça qu'il est époustouflant. La première chose qui m'intrigue est où est passé l'argent ? Il y a au maximum cinq acteurs reconnus, mais qui ne doivent pas coûter très cher non plus, les figurants ont été prêtés par l'armée populaire (pourtant on dirait des figurants numériques à la Star Wars Episode I), et les décors ne sont pas grandioses...
Bref, vous aurez compris que je suis mécontent de ce film, durant lequel je n'ai pas éprouvé la moindre émotion cinématographique, ni le moindre choc visuel (les pubs télé sont réalisées de la même manière). Si je mets une note si sévère, c'est aussi pour exprimer ma déception vis-à-vis d'un genre que j'apprécie d'habitude, sans cela ma note aurait été de 4.