6.5/10Gone Baby Gone

/ Critique - écrit par riffhifi, le 29/12/2007
Notre verdict : 6.5/10 - Affleck noir (Fiche technique)

Tags : gone film affleck baby cinema realisateur lehane

Un beau premier essai pour Ben Affleck réalisateur. Malheureusement, Ben Affleck scénariste se la coulait douce pendant ce temps...

Ben Affleck est moqué. Régulièrement cité comme étant « le pire acteur du monde », il doit sa mauvaise réputation à quelques films comme Pearl Harbor, Daredevil, Dogma ou encore Paycheck. Les mauvaises langues oublient facilement Will Hunting, qu'il a écrit et interprété avec Matt Damon (Oscar partagé du meilleur scénario), ou encore Hollywoodland, qui lui valut l'an dernier cinq nominations dont deux victoires pour son incarnation de l'acteur George Reeves. D'ici quelques années, l'opinion générale sur le bonhomme finira peut-être par changer, de la même manière que Stallone a fini par être salué comme un comédien émérite et un scénariste-réalisateur de talent au bout de vingt ans de rigolade...
En attendant, Ben Affleck réalise son premier long métrage, passant derrière la caméra pour la deuxième fois, après un mystérieux court métrage tourné en 1993 et intitulé I killed my lesbian wife, hung her on a meat hook, and now I have a three-picture deal at Disney (J'ai tué ma femme lesbienne, je l'ai suspendue à un crochet de boucher, et maintenant j'ai un contrat de trois films chez Disney, un titre aussi cocasse que prophétique puisque Gone Baby Gone est distribué par Disney !). L'opprobre qui entoure le nom de l'acteur est tel que les affiches ne le mentionnent pas, préférant insister sur le fait que le scénario est tiré d'un roman de Dennis Lehane, comme l'était celui de Mystic River. Un tour de passe-passe douteux ayant manifestement pour but de faire passer la vessie de Ben Affleck pour la lanterne Eastwoodienne...

Patrick Kenzie (Casey Affleck) exerce la fonction de détective privé à Boston avec sa partenaire (au sens vaste) Angie Gennaro (Michelle Monaghan). Spécialisés Affleck, frère d'Affleck
Affleck, frère d'Affleck
dans les disparitions, leurs activités se limitent néanmoins aux fumistes qui prennent l'habitude de disparaître sans payer leur loyer. Ils nagent donc en terre inconnue lorsqu'on leur demande de s'occuper de l'enlèvement d'une petite fille de quatre ans... Ils acceptent néanmoins, et s'efforcent de faire jouer leur connaissance des gens du quartier pour délier les langues, ce que la police est impuissante à faire.

Pour cette première réalisation, Ben Affleck s'est entouré d'un maximum d'éléments sécurisants : son frère dans le rôle principal, Morgan Freeman, avec qui il a partagé l'affiche de La somme de toutes les peurs, et surtout la ville de Boston, qu'il connaît comme sa poche. L'exploration de la ville et de ses environs, avec sa population représentée sans complaisance, est probablement l'aspect le plus intéressant du film. Affleck s'amuse, derrière ses premiers rôles aux visages connus, à dresser une galerie de gueules tordues et de personnages pittoresques qui font regretter que le sujet du film soit ailleurs. Car finalement, l'intrigue n'est rien Pour les nostalgiques du Flic de Beverly Hills : à gauche, c'est Taggart (John Ashton) !
Pour les nostalgiques du Flic de Beverly Hills :
à gauche, c'est Taggart (John Ashton) !
d'autre qu'une enquête conventionnellement compliquée, qui n'est pas sans évoquer un maxi-épisode de Julie Lescaut... Du moins jusqu'au final, qui pose enfin les premières vraies questions du film, trop tard pour enthousiasmer le spectateur et trop maladroitement pour qu'on salue réellement le traitement de la question.

Dommage en fin de compte que Ben Affleck et son co-scénariste n'aient pas fait preuve de plus d'inventivité à l'écriture. Car en matière de direction d'acteurs et de découpage technique, le jeune réalisateur fait preuve d'une compétence surprenante, maîtrisant le récit efficacement mais sans effet de manche inutile. Vivement le prochain essai...