Expendables 2 : c'est bon d'avoir des boules !
Cinéma / Critique - écrit par Nicolas, le 25/08/2012 (Tags : film expendables stallone sylvester films action sortie
Ouvreuse : Bonjour.
Nicolas : Bonjour. Trois places pour Expendables 2 s'il vous plait.
O : Bien sûr, monsieur. Plein tarif, les trois places ?
N : Oui, c'est pour moi et mes couilles.
O : ... Excusez-moi... Pour vos... couilles...?
N : Oui, elles prennent de la place et elles veulent voir le film.
En un mot, définissez Expendables : Casting. En un mot, définissez Expendables 2 : casting aussi. Outre les petits copains échappés du premier volet, en occultant Mickey Rourke (absent) et Jet Li (peu présent mais tout de même suffisamment pour filer quelques baffes), Stallone signe des chèques et ramène des noms des prestige comme Schwarzenegger (cette fois-ci avec quelque chose entre les mains, et ce n'est pas sa bite), Willis (même chose que pour le premier larron), Jean Claude Van Damme (accent, tatane volante, nom à coucher dehors, phrases à mi-chemin entre la psychologie et le foutage de gueule, tout est dans le package), Hemsworth - en sachant que pour ce dernier, on se fait clairement voler puisqu'il s'agit du petit frère freluquet de Chris, et Chuck Norris himself. On y a joute une anecdotique nana pour le quota féminin (quasiment nul) du film, et nous voilà prêt à revivre un pan d'histoire du film d'action en compagnie de dinosaures de la discipline - oui, de vrais monstres de légende.
Pour être honnête, je me suis préparé. J'ai revu le premier, ai passé une après-midi en bonne compagnie pour réviser des classiques quasiment canonisés comme Commando, Rambo II et Dark Angel, et j'ai renommé mes deux testicules : John pour la gauche, en référence à John Matrix / Rambo / McClane ; et Chuck pour la seconde, car c'est de loin la plus virile et la plus poilue. J'étais monté fin, indubitablement, et il le fallait. Sans un minimum de préparation mentale et physique, on s'expose au claquage de la bienséance (un petit muscle du cerveau, finement planqué), car des films de cette trempe, ça fait vingt ans qu'on en voit plus. A l'époque, on se fichait totalement de la cohérence, de la pertinence, du nombre de morts, et du second degré. Quand Schwarzzy se ramenait un arbre sur l'épaule pour ensuite caresser des biches avec sa fille, le tout en short / rangers, c'était de l'art, pas du culot.
Aujourd'hui, les temps ont changé, mais par bonheur, des mecs sont encore en vie pour témoigner : Stallone et sa clique. Oh bien sûr, ils ont désormais plus de moyens et plus d'ambition, mais le cahier des charges reste le même : se foutre au cul le scénario et faire péter des trucs - si possible des êtres humains dans de belles gerbes rouges - en hurlant des répliques de gros bourrins. Mon cœur, pourtant bien accroché, m'a arraché un sanglot dès les dix premières minutes, alors que les Expendables bousillaient un camp militaire à coups de tanks, béliers, grosses sulfateuses, couteaux, bites, et répliques d'hommes virils et bien montés. Terry Crews lâche d'ailleurs la première référence de qualité, adressée à Schwarzy : "If I don't get this back, I'll terminate your ass. " A ce niveau bien précis, c'est de la poésie, pour initiés certes, mais de la poésie.
Et cette délicate articulation de bons mots et de référence, Expendables 2 va la réitérer à de nombreuses reprises, jusqu'à doter le film d'un très inattendu second degré - qui manquait probablement au premier opus. Chuck Norris apparait sur une musique d'Ennio Morricone et balance un "Chuck Norris Fact" ? Référence. Schwarzy sort la tête pour gueuler "I'm Back" ? Référence. JCVD se tape - encore - un nom francophone, Vilain ? Référence (on l'espère). Ce ne sont que quelques exemples, certes, mais qui témoignent d'une volonté propre de s'amuser et de rappeler au bon souvenir de notre (gros) paquet toute la joie procurée par les films de mecs bien charpentés et bien montés. Si après ça, vous n'avez pas envie de vous retaper toute la filmographie du casting, je veux bien être amputé de John.
En ce sens, la scène finale résonne comme un rêve d'adolescent où l'on espérait voir tous ces belles paires de couilles réunies au même endroit pour comparer leur virilité. Cette scène, si elle n'est au fond qu'une tranche d'action violente et massive, est à en chialer de bonheur. D'ailleurs, j'ai chialé. Tant pis pour ma virilité. De toute façon, tous les mecs de la salle chialaient. Les filles, les jeunes, ils ne peuvent pas comprendre, il faut avoir connu les années 80 - 90 pour entrevoir toute la portée existentielle dispensée par le film. Alors oui, l'homme dépourvu de virilité notera que le script pourrait servir de papier toilette, que rien n'est cohérent, et que le film serait probablement divertissant pour une bande de singes psychopathes. Ces mêmes singes attardés qui auraient éventuellement apprécié le premier volet, qui n'est finalement pas si éloigné du second. Mais si vous avez par le passé éprouvé une once de plaisir devant l'un de ces mastodontes du cinéma burné, vous aurez probablement le recul nécessaire pour entrevoir ce qu'est Expendables. C'est à dire, à la fois un gros défouloir et un hommage à une portion non négligeable du cinéma du siècle dernier.
John et Chuck reposaient désormais contre mes cuisses, calmes, repues. Pour ma part, mes pensées hésitaient entre la déception et la sérénité. Déception, car Expendables 2 était encore bien loin du fantasme qui hantait mes nuits ; et sérénité, car il m'avait apporté sur un plateau à la pilosité abondante toute la virilité que j'en attendais. Y aurait-il un troisième volet ? Qui serait de la partie cette fois-ci ? Je n'osais encore y penser. Car aujourd'hui, John et Chuck avait eu leur quota de testostérone et pouvaient, tels des ours polaires, hiberner quelques temps sur leurs réserves. Mais il ne suffirait d'un rien pour réveiller leur appétit...