L'exorciste, version intégrale
Cinéma / Critique - écrit par Filipe, le 12/02/2002 (Tags : film exorciste william version friedkin dvd cinema
Un pilier de l'épouvante
Sur un chantier irakien, le père Merrin, jésuite et archéologue de renom, découvre une figurine du démon Pazuzu. Le vieil homme, profondément troublé, est ensuite sujet à des visions macabres. Très loin de là, dans un quartier de Washington, la célèbre actrice Chris MacNeil est réveillée par des grattements provenant de son grenier. Quant à sa tendre fille, Regan, elle se plaint que son lit bouge.
Réalisé par William Friedkin, ce pilier du cinéma d'épouvante est sorti le 14 mars 2001 sous une nouvelle version, puisque plus longue de onze minutes que la version originale de 1973 ; version qui avait été, rappelons-le, nominée dix fois aux Oscars de 1974, qui en avait par la même occasion remporté deux : ceux du meilleur scénario -décerné à William Peter Blatty- et de la meilleure ambiance musicale -l'oeuvre de Robert Knudson et Chris Newman.
Les acteurs : brièvement, on retrouve bien entendu ceux de 73 : Ellen Burstyn, qui participa à bon nombre de téléfilms et séries télévisées, parmi lesquels : The Doctors (1963-82), Iron Horse (1966-68) et aussi Maverick et Gunsmoke, avant d'obtenir le rôle de sa vie dans L'Exorciste. Le sort la désignera plus tard pour jouer le rôle de Sara Goldfarb dans Requiem for a Dream (2000). Elle interprète le personnage de la mère dépassée par tous ces événements mystérieux, relevant du paranormal. Torturée à l'idée de voir souffrir sa descendance, qui est probablement possédée par le Diable, elle est dépassée et totalement impuissante. Max Von Sydow, à l'affiche de Flash Gordon et Needful Things joue le rôle du père Merrin : farouche adversaire de Satan, il est l'autorité et la rigueur de l'Eglise, et celui qui ouvre et termine le film. Lee J.Cobb, qui apparut dans On the Waterfront et The Brothers Karamazov, campe l'inspecteur de police loyal et pragmatique, cependant très loin de donner une interprétation d'un quelconque phénomène surnaturel. Jason Miller joue le rôle du père Damien Karras : il est le lien entre la famille MacNeil et l'Eglise sacerdotale. Tiraillé entre ses peines personnelles et celles de Regan et de sa mère, il est sensible et attachant. Linda Blair, qui apparut également dans le second épisode de L'Exorciste et dans Scream (1996), est la petite et si innocente Regan. Impuissante face au mal qui la ronge, elle est tantôt la plus douce des enfants, tantôt le plus cruel des démons. Voilà les principaux personnages de l'Exorciste: version 2000.
Onze minutes supplémentaires : voilà la seule modification apportée. En effet, images et sons n'ont pas été remaniés, contrairement aux autres succès passés précédemment réédités dans le commerce - Star Wars, Rencontres du Troisième Type - et ceci n'est pas plus mal : reste donc ce charme des images ternes, et celui des modestes effets spéciaux d'antan -et qui ne sont pas toujours si modestes que ça.
Ces onze minutes résident principalement dans la scène dite de la marche de l'araignée, terrifiante parmi les plus terrifiantes, que le réalisateur n'avait pourtant pas jugé bon de placer dans son film à l'origine.
L'Exorciste est, vous l'aurez compris, une oeuvre qui m'a particulièrement plu. Réalisation et jeu des acteurs sont tous deux irréprochables. Et certaines scènes à la limite du soutenable sont des scènes d'anthologie du cinéma de l'horreur. L'épouvante est, selon moi, le domaine cinématographique le plus difficile à maîtriser. Bon nombre de conceptions ont tenté de nous faire trembler, bien peu y sont réellement parvenues. L'Exorciste, qui souffre malheureusement de certaines lenteurs, il faut bien l'admettre, reste un des grands événements du genre. C'est un plaisir de retrouver ces images qui furent si souvent copiées et tournées en dérision.
L'Exorciste revient pour le plus grand plaisir des inconditionnels du genre.