Les enfants de Timpelbach
Cinéma / Critique - écrit par riffhifi, le 29/12/2008 (On le sait depuis La guerre des boutons : les enfants sont cruels. En fait, on le savait déjà avant, mais ce conte de Noël vient le rappeler à point nommé, en offrant à une bande de loustics l'occasion d'éclipser les quelques stars venues dire coucou.
L'affiche, avec sa typographie pompée directement sur celle de Harry Potter, fait penser à un divertissement américain typique de la saison ; mais les connaisseurs savent que le roman d'origine, Timpetill, a été écrit par le romancier allemand Henry Winterfeld dans les années 30... Alors, ricain ou germanique ? Ni l'un ni l'autre : malgré les apparences, le film est français. Produit par Dimitri Rassam, fils de Jean-Pierre Rassam et Carole Bouquet, Les enfants de Timpelbach est le premier long métrage du réalisateur Nicolas Bary, qui fait preuve d'un sens esthétique bien agréable, peu courant dans le cinéma hexagonal, et joliment bien intégré à la narration.
Dans le petit village de Timpelbach, les enfants sont intenables. Les parents, jusqu'ici adeptes de réactions diverses (la raclée, le désespoir), décident d'un commun accord de quitter la ville provisoirement pour donner une bonne leçon aux
Raphaël Katz ne joue pas Harry Potteraffreux jojos. Livrés à eux-mêmes, ces derniers se regroupent en deux clans : les vilains casseurs sous l'égide d'Oscar, et le gang pacifique et raisonnable mené par Marianne...
La plus grosse crainte que suscite un film pareil, c'est de devoir se farcir 90 minutes de performances enfantines à baffer, où d'insolents marmots entre 6 et 12 ans vont rivaliser de surjeu au grand dam du public adulte (parfois, même le jeune public se lasse). Pour pondérer cette crainte, le marketing met en avant la présence de quelques célébrités reconnaissables au générique : Carole Bouquet, Gérard Depardieu, Armelle, Thierry Desroses (bien que ce dernier soit plus connu pour son activité de doubleur), François Damiens... Surprise : ces derniers s'effacent complètement derrière le casting principal, qui a été composé judicieusement ; à quelques exceptions près, les jeunes talents sont excellents, et délivrent avec justesse les dialogues qu'on leur a (plutôt bien) écrits. Pendant ce temps, le corpus des parents vit une aventure parallèle pour le principe, qui n'occupe qu'une petite portion du film.
Baptiste Bétoulaud ne joue pas Jason VoorheesLa plus grande réussite, cependant, réside dans la construction de l'univers visuel. Avec son village intemporel, ses costumes inventifs et colorés, ses quelques détails à la frontière du fantastique (sans jamais la franchir), la réalisation de Nicolas Bary fait penser à ses modèles avoués : Tim Burton, Terry Gilliam, Guillermo del Toro, émulés ici en mode mineur mais prometteur. Il est surtout très rare, dans le cinéma français, qu'une telle débauche d'esthétisme soigné s'accompagne d'un soin égal affecté au scénario et à la direction d'acteurs. Bary parvient à trouver l'équilibre, en gardant à chacun de ses petits personnages une personnalité réellement attachante. La conclusion et la morale sont bien évidemment simplistes, mais intégrées à une logique de conte qui les rend émouvantes. On déplore simplement qu'elles traînent un peu trop en longueur, diluant ainsi la scène finale épique qui les a précédés, et clôturant le film sur un plan (très moche) d'adultes au lieu de rendre l'image aux véritables héros : les enfants.
Une jolie histoire pleine d'innocence (mais pas que), aussi bien racontée qu'interprétée. On se demande désormais à quoi ressemblera l'adaptation de la bande dessinée Soda, que Nicolas Bary et Dimitri Rassam semblent avoir dans la ligne de mire.