Dialogue avec mon jardinier
Cinéma / Critique - écrit par Aurélie, le 15/06/2007 (Tags : jardinier avec jean film dialogue becker peintre
Jardin à la française
Le héros (Daniel Auteuil), peintre à Paris, a réussi à percer dans sa profession. A 50 ans passés, il décide de retourner dans la maison de ses parents, à la campagne. Afin de rendre sa jeunesse à la demeure qui la vu grandir, il engage un jardinier ayant pour tâche de faire un potager. Or, ce jardinier n’est autre que son ami d’enfance avec lequel il a fait les 400 coups. Celui-ci est resté dans le village toute sa vie pendant que le héros était à Paris ; ils vont donc revivre des souvenirs au travers de ceux qui sont restés dans le coin et dont le jardinier a des nouvelles. Mais le surprenant bonhomme va également imprégner son ami de toute sa philosophie par rapport à la vie.
Le jarre-daim : un animal en voie de disparitionC’est au travers des discussions des deux hommes que nous allons vivre ce film à la monotonie attendrissante. Sans préoccupations autres que celles que la vie nous inflige à chacun, l’histoire que nous livre Jean Becker (Les enfants du marais…) est tantôt douce, tantôt très amère, et toujours très attachante. Les deux acteurs principaux livrent une prestation irréprochable, tandis que les secondaires ont une place plus qu’anecdotique. On croise ainsi l’ex-femme du héros, sa fille ou encore sa nouvelle conquête, mais l’on arrive jamais à s’attacher à l’une d’entre elles. Ce n’est pas la même délicatesse qui se dégage d’elles.
Du peint et des jeuxComme en peinture, Jean Becker a porté un soin tout particulier à l’image, et surtout à la lumière. Les paysages accrochent l’œil, évoquent des souvenirs plus qu’ils ne font rêver. Les décors de campagne, tout comme les scènes du film, dégagent un sentiment de banalité que l’on se surprend à aimer. Mais au-delà de cette beauté délicate, Dialogue avec un jardinier n’a plus d’argument. Et la douceur de vivre, aussi appréciable soit elle, ne suffit pas à elle toute seule à faire passer un excellent moment. On regrette donc le manque de profondeur chez les seconds rôles, mais aussi le vide scénaristique, même si celui-ci est aménagé pour laisser aux dialogues le temps de se savourer.
Jean Becker signe un film très beau, plein de délicatesse. La fin se laisse entrevoir longtemps avant, mais elle est emmenée avec tant de tendresse qu’elle ne parvient pas à rendre triste. Et c’est là toute la force de Dialogue avec mon jardinier : peindre de petites scènes du quotidien, du joyeux au tragique, mais toujours sur le même niveau. Sans pathos ni surenchère. Au final, nous avons donc un film plus que correct à condition de se prendre au jeu. Sinon, les quelques petites ombres évoquées plus haut ne sauront se faire oublier.