4/10Le Dernier maître de l'air

/ Critique - écrit par Nicolas, le 02/08/2010
Notre verdict : 4/10 - L'air de rien (Fiche technique)

Shyamalan a enchaîné quatre films défendables entre 2000 et 2004, il a visiblement décidé d'équillibrer sa filmographie en réalisant quatre films indéniablement médiocres. Voici le troisième, on attend le quatrième.

Pour la troisième fois consécutive, je me faisais des idées sur Shyamalan. Je me disais bien qu'il était en train de tourner un film pour gamins (ses filles adorent), mais je m'agrippais au fait que le réalisateur avait déjà réalisé de très grands films et qu'il devait savoir où il allait. Il semble maintenant que le virtuose qui m'avait séduit avec Incassable a été kidnappé, et remplacé par un double maléfique qui ne semble plus rien contrôler...

Emprisonné pendant 100 ans dans une grande sphère de glace, le jeune Aang, nomade de l'air, est ramené à la vie par la tribu de l'eau. Il est un Avatar, un être de légende capable de maîtriser les quatre éléments. Avec Katara et Sokkan, deux membres de la tribu de l'eau, il va découvrir ce qu'est devenu le monde en son absence : une terre maltraitée par la nation du feu, où la totalité des nomades de l'air ont été exterminés. Il est leur dernier représentant...


Ne vous laissez pas avoir par les énormes logos « 3D » des affiches, Le Dernier maître de l'air est un film qui a été tourné en 2D puis adapté en 3D (syndrome Le Choc des titans). Non prévu pour ce support, le film ne l'utilise que pour simuler péniblement un effet de profondeur, et rien d'autre. Le seul moment où vous agiterez les bras pour choper des trucs qui n'existent pas, ce sera pendant l'éventuelle pub Haribo diffusée juste avant. Au moins, on évite le mal de crâne, c'est toujours ça de gagné, mais ceux qui paieront l'exorbitant tarif de la séance auront le droit de se sentir un peu lésé.
Surtout que le film n'est vraiment pas de première fraîcheur. Si Shyamalan s'est fait connaître en proposant des histoires à rebondissement marquées par des twists de qualité plus ou moins importante, Le Dernier maître de l'air est une autoroute parsemée de panneaux indicateurs indiquant d'aller tout droit, tout le temps. La seule chose qui pourra potentiellement nous étonner, c'est la maigre jugeote des protagonistes principaux et leur propension à croire les absurdités qu'ils énoncent.
On renifle le produit ciblé adolescence (voire préadolescence) mal considéré, où les effets spéciaux et les quelques acrobaties très câblées sont censées attirer l'œil pubère, et ses parents du coup - effets spéciaux qui, en passant, sont d'une qualité tout à fait honorable. Ceux-ci ne parviennent pas néanmoins à masquer le faible jeu des têtes d'affiche, qui rivalisent de médiocrité. On peut excuser tout à fait le jeune Noah Ringer, âgé de treize ans aujourd'hui, mais pas des acteurs comme Dev Patel ou Jackson Rathbone qui sont supposés avoir beaucoup plus de bouteille. Quant au maître des lieux, Shyamalan, hé bien admettons que sa réalisation n'a rien de choquante, mais n'a surtout rien d'exceptionnelle. N'importe quel réalisateur moyen d'Hollywood aurait pu faire la même chose, ce qui est tout de même décevant pour quelqu'un que l'on comparait à Hitchcock il y a encore peu de temps.

Nouvel échec artistique pour Shyamalan, qui en plus est sous contrat pour produire une trilogie. Il y aura du travail pour rehausser ce début de franchise sans grande saveur, insipide dans son développement, mal joué, et plutôt ennuyeux. Mais les effets spéciaux sont cools.