8.5/10La critique du film De rouille et d'os

/ Critique - écrit par froo, le 26/05/2012
Notre verdict : 8.5/10 - De voir ce film, mon coeur s'est arrêté (Fiche technique)

Tags : film audiard ali rouille cotillard marion jacques

Très attendu à Cannes et encensé par la critique, le dernier film de Jacques Audiard figure parmi les favoris de la sélection. Assez sceptique au départ (le buzz autour de ce film me donnait plutôt envie de l'éviter), j'y suis finalement allée, un peu sur un coup de tête, un peu poussée par les conseils de mon entourage (ma mère a toujours bon goût en matière de films, au moins autant que Krinein). Et il faut le dire, après le succès de Sur mes lèvres, De battre mon coeur s'est arrêté ou encore Le Prophète, le réalisateur signe de nouveau un très beau film avec De rouille et d'os.


DR.


De rouille et d'os, c'est l'histoire d'une rencontre, entre deux êtres un peu paumés, handicapés par la vie, qui finissent par se (re)trouver.

Ali, sans maison, sans emploi, sans argent, mais avec un fils sur les bras dont il ne sait pas quoi faire, quitte la Belgique pour rejoindre sa sœur à Antibes, dans l'espoir d'une vie meilleure. Il fait des petits boulots de videur, d'agent de sécurité, de veilleur de nuit. Il se lance aussi dans des combats de boxe clandestins. Un jour, sa route croise celle de Stéphanie lorsqu'elle se fait agresser à la sortie d'une boîte de nuit. Le premier contact ne se passe pas très bien, il lui dit qu'elle est habillée « comme une pute ».

Stéphanie, belle et sûre d'elle, est dresseuses d'orques à Marineland. Elle aime séduire. Un jour, sa vie bascule : après un accident au cours d'un spectacle avec ses orques, elle perd ses jambes et se retrouve dans un fauteuil roulant. Elle déprime et finit par rappeler Ali. Une histoire commence, même si tout les oppose. Peu à peu, elle réapprend à vivre. Et lui aussi.


DR.


Vu le sujet, l'histoire pourrait se morfondre dans le pathos jusqu'à n'en plus finir et nous faire pleurer pendant deux heures. Mais c'est loin d'être le cas. C'est triste, certes, mais il y a aussi des pointes d'humour (noir), de légèreté, de violence, d'amour, de poésie. Jacques Audiard a filmé le tout avec beaucoup de subtilité et de justesse. C'est à la fois pudique et cru. On ne voit pas l'accident, mais on voit les moignons. Les dialogues sont subtils et directs. On alterne entre les plans bruts et les plans plus soignés, en passant par des plans très abstraits.

Il y a beaucoup de contrastes, comme pour mettre en valeur ce qui oppose Ali à Stéphanie. Ça ressemblerait presque à un conte, mais un conte trash, tendance La Belle et la Bête. Les ellipses sont bien utilisées, la musique colle très bien au film (même ces passages avec Katy Perry). La caméra joue parfois avec la profondeur de champ pour isoler les protagonistes du monde extérieur, comme s'ils se retrouvaient dans une bulle.


DR.

Les acteurs sont parfaits. Matthias Schoenaerts crève l'écran dans le rôle d'Ali, cet homme rustre, brut, qui a en lui beaucoup de violence, mais aussi beaucoup de délicatesse. Il est fascinant. Marion Cotillard incarne Stéphanie à merveille, cette femme brisée par la vie qui remonte peu à peu la pente.

L'histoire nous tient en haleine jusqu'au bout, nous arrache parfois quelques larmes (oui, je l'avoue, même moi j'ai pleuré). C'est beau et violent à la fois. Le genre de film qui met du temps à décanter et qui laisse une impression...

La bande-annonce (qui en dévoile peut-être un peu trop) :