Le coeur des hommes
Cinéma / Critique - écrit par Val Lazare, le 16/04/2003 (
Un samedi soir nous allons au cinéma avec une partie de l'équipe Krinein. Paraît-il qu'on va voir Le coeur des hommes. Certains râlent sur la qualité présumée des comédies françaises, d'autres ont l'air confiant. Je reste circonspect, à vrai dire, je n'ai pas vraiment entendu parler de ce film.
1h47 plus tard... nous ressortons du cinéma. Tout le monde est content. Car Le coeur des hommes est un bon film, voire un très bon film.
A Paris, Alex et Jeff (Marc Lavoine et Gérard Darmon) dirigent un groupe de presse sportive, Manu (Jean-Pierre Darroussin) est boucher et Antoine (Bernard Campan), prof de gym. Ces quatre bonshommes, entre la quarantaine et la cinquantaine, sont potes. Ils se connaissent depuis un paquet d'années déjà, un paquet d'années qu'ils mènent leurs vies de famille et qu'ils se voient, pour boire un verre au café, pour faire un traditionnel lotofoot et tailler le bout de gras. Apparemment tout va bien pour eux, et on aimerait bien que ça dure. Leur train-train quotidien a l'air plutôt sympa, on se verrait bien à leur place.
Mais voilà, le temps fait son oeuvre et dernièrement, tout n'est pas si rose. Le père de Manu vient de mourir, Alex et Jeff ont des problèmes avec leur boîte, d'autant que Jeff doit bientôt marier sa fille et Nanou, la femme d'Alex commence à avoir de gros doutes sur la fidélité de son mari qui fait pourtant de son mieux pour lui mentir copieusement. Enfin, l'épouse d'Antoine, Lili essaie de lui expliquer comment elle l'a trompé, une fois, rien qu'une fois.
Antoine, fou de rage, quitte le domicile conjugal et tourne en rond dans Paris, ses trois potes essayant de trouver une issue à la situation insoutenable dans laquelle il est. Mais ce que vit Antoine, les autres y sont aussi confrontés, à un moindre degré.
Sur un départ assez glauque, Le coeur des hommes me fait sacrément penser à L'auberge espagnole. Le Coeur des hommes n'est pas vraiment un film sur la crise de la quarantaine et L'auberge espagnole n'est pas un film sur le passage de l'adolescence à l'âge adulte mais l'idée est là. Les deux films seraient plutôt le regard de soi, le petit enfant qu'on a été et qu'on n'est plus, sur la vie. Avec le temps, les problèmes sont toujours là, et le fait d'avoir vieilli ne les a pas réglés. La quête de l'Amour n'a pas fini de vous torturer, ainsi que le rapport avec les femmes. Alors, Alex, Antoine, Jeff et Manu avancent de scène en scène, cogitant sans cesse pour voir inconsciemment ce qui ne va pas et en tirer les conclusions.
Sous la caméra de Marc Esposito, Le coeur des hommes est un festival. Festival d'acteurs d'abord, Gérard Darmon et ses collègues assurant le spectacle, plaisir de jouer, vannes faciles, vannes débiles et plans séquences sont là pour vous mettre la pêche et vous faire marrer. Comme dans L'Auberge Espagnole, ça sent le vécu et l'effort est mince pour vous identifier à un Jeff, un Alex, un Antoine ou à un Manu. Marc Esposito a laissé une place non négligeable aux femmes, et là aussi la performance est au rendez-vous.
Festival de scènes qui font mouche, Marc Esposito, ancien rédac-chef de Première et fondateur de Studio, maîtrise son sujet et nous sert un récit tantôt touchant, tantôt hilarant, en tout cas sans temps mort.
1h47 plus tard et un film super positif, marrant et plus simplement beau vient de passer. Avec une conclusion desservie par un Gérard Darmon fort en gueule : qu'est-ce que je ferais si j'étais moins con ? On pourrait commencer par aller voir Le coeur des hommes.