Bruce Tout-Puissant
Cinéma / Critique - écrit par Nicolas, le 07/09/2003 (Tags : bruce film puissant carrey jim comedie dieu
Difficile d'échapper au rouleau compresseur médiatique de ce champion du box-office américain, Bruce Tout Puissant pouvant se vanter d'avoir inquiété MatriX Reloaded à la compte des fréquentations ciné. Jim Carrey, tête d'affiche et producteur (pour la première fois), y retrouve son compère réalisateur Tom Shadyac, une association déjà à l'origine de deux comédies à l'humour parfois un peu délicat (Ace Ventura et Menteur, Menteur), mais surtout le bonheur de pouvoir re-grimaçouiller un peu après un léger écart vers la comédie dramatique (The Majestic, pas terrible). Et oui, déjà deux ans sans Carrey sur grand écran...
Quand Bruce Nolan, petit reporter jusqu'ici cantonné aux sujets légers et amusants, se voit souffler la place de nouveau présentateur télé par son homologue Evan Baxter, c'est la goutte qui fait déborder la casquette. Une petite crise de nerfs en direct suffit alors pour le flanquer à la porte, ajoutant une nouvelle et sérieuse rubrique dans sa liste de malchances et autres déboires quotidiens. Dieu lui en veut, c'est certain, et il ne manque pas de le hurler à qui veut l'entendre. Il n'en faut pas moins pour que le Saint-Père descende sur terre et remette le grincheux à sa place, en lui imposant une épreuve : investi de la toute puissance divine, Bruce devra remplacer au pied levé Dieu pendant une semaine...
Dieu part en vacances, qui va assurer l'intérim ? Jim Carrey ! Ne tremblez pas, cela aurait pu être pire, imaginez Adam Sandler dans la même situation. L'acteur au visage élastique, digne héritier de Jerry Lewis à en croire certains, renoue ici avec le genre cinématographique qui l'a rendu célèbre : la comédie. Car que va faire notre sympathique tête de Bruce une fois en possession des pouvoirs du Très-Haut ? Les garder pour sa pomme pardi ! Devenir une bête de sexe, s'octroyer une nouvelle voiture, se libérer des contraintes urbaines, et bien sûr retrouver sa place dans la hiérarchie de la télévision. C'est cependant l'aspect tout-puissant de Bruce qui manque de tout faire basculer dans la niaiserie médiocre, principalement dans ses premiers moments, en livrant un certain lot de petits éléments comiques sans grande envergure, comme séparer une soupe de tomate en deux telle la traversée de la Mer rouge selon la Bible. Et pourtant, l'introduction est vraiment loin d'être déplaisante. Inégal, le film le reste jusque dans ses derniers moments, se baignant tour à tour dans la pure ânerie indigeste (le stockage des prières, entre exemples) et dans le gag de haut vol (la reconquête du poste de Bruce), mais ne parvient jamais à trouver un bon équilibre. Et ce qui devait arriver arriva : il fallait une morale, et c'est le couple Carrey - Aniston (relativement absente) qui en seront les prêcheurs, dans un dénouement guimauve des plus insipides. Respirons, pas de message religieux ni de grand élan humaniste, la comédie préservant ses droits avec un jusqu'au-boutisme bienheureux.
Une comédie finalement moins médiocre que l'on pourrait le croire, disparate sur toute l'étendue de sa durée (même au niveau des effets spéciaux) mais suffisamment drôle pour ne pas se voir snobée. Jim Carrey, en terrain connu, écrase toutes les personnes s'approchant de lui par sa formidable énergie comique, sans laisser la moindre chance à une Jennifer Aniston de crever l'écran.