Broken Flowers
Cinéma / Critique - écrit par Vincent.L, le 08/09/2005 (Tags : film flowers broken jarmusch murray critiques bill
Primé par le jury de Cannes 2005 (prix du jury) et encensé par la majorité des critiques, le dernier Jim Jarmusch, après entres autres Down by Law, Dead Man et Ghost Dog, La Voie Du Samouraï, appairait sur nos grands écrans avec une certaine attente. Et pour cause, ce Road-Movie enquête-sentimentale est doté d'un casting de qualité avec Julie Delpy, Sharon Stone, Jessica Lange, Chloë Sevigny et bien sûr le grand Bill Murray.
Dès le début, Jarmusch annonce la couleur avec une réalisation lente caractérisée par de multiples silences, des plans et scénettes plus ou moins utiles. Après presque un quart d'heure bien laborieux, Broken Flowers démarre réellement avec une scène (celle du portable) savoureusement comique entre Don Johnston (Bill Murray) et Winston (Jeffrey Wright). Dès lors, le long métrage va alterner de manière régulière entre des scènes doucement caustiques (avec trois des ex de Don), d'autres franchement drôles (comme ce sommet d'absurdité avec Carmen, la communicatrice animalière) et des transitions interminables. Sur ce dernier point, le film de Jarmusch énerve fortement. Avec une prétention évidente que seuls quelques réalisateurs pseudo-intellos qui ont fait leurs preuves (auprès de la critique) peuvent se permettre, le réalisateur américain se plaît à filmer les voyages de son héros sans réel esthétisme et avec une répétition rapidement lassante. Bien sûr, cela permet d'exprimer les doutes de Don et les efforts qu'il fait dans la recherche de son fils potentiel, mais quel ennui. Si l'on rajoute ces transitions (avec les trois tonnes de fondus en noir d'au moins 5 secondes à chaque fois) aux nombreuses petites scènes anecdotiques prétentieuses (la coupe de champagne...) et parfois franchement inutiles (les rêves), on pense parfois au récent Last Days de Gus Van Sant (même si rien n'atteint jamais la puissance d'un plan fixe de fougères de 30 secondes).
Sans surprises, la prestation de Bill Murray (Un Jour Sans Fin, Lost in Translation, La Vie Aquatique...) est excellente. Souvent sans dire un seul mot, l'acteur cinquantenaire parvient à transmettre des émotions allant du rire à l'émotion en passant par les doutes et surtout la solitude. Car s'il y a bien un point que Jarmusch a réussi à retranscrir, c'est l'isolement et la désorientation de cet homme désabusé qui se cherche un fils sans trop savoir pourquoi.
Après la vision de ce Broken Flowers, la première impression est celle d'une espèce d'arnaque. Le dernier Jarmusch est un film très lent où il ne se passe pas grand chose, partiellement sauvé par l'interprétation de son acteur principal et qui ne décolle malheureusement que lors de petites scènes tendres et amères avec les ex de Don. C'est un exercice de style prétentieux qui casse systématiquement tout rythme qu'il crée au bénéfice d'un ennui que certains trouveront génial. Et pourtant, avec moins de pertes de temps dans ses transitions et dans la démonstration de ses interrogations, le film aurait pû atteindre des sphères bien moins conventionnelles et suffisantes.