Last days
Cinéma / Critique - écrit par Vincent.L, le 15/05/2005 (Tags : film last days blake van sant gus
Blake (Michael Pitt), est un jeune artiste de Rock complètement torturé, qui évolue dans un monde où la solitude semble être la seule certitude...
Le célèbre réalisateur américain Gus Van Sant a voulu, sans prendre le risque de faire un véritable documentaire-fiction, faire une oeuvre cinématographique qui s'inspire des derniers jours de la vie de Kurt Cobain, l'inoubliable leader du groupe Nirvana.
Techniquement et artistiquement, Last Days est un monstre de prétention. Enchaînant les plans fixes de plusieurs longues minutes, les contemplations interminables de son héros et les effets spatiaux-temporels décalés à la Elephant, Gus Van Sant se permet de faire un film minimaliste extrêmement lent, anecdotique et qui se voudrait intense intellectuellement et émotionnellement.
Entre Blake qui se sert un bol de céréales, qui se prépare une étrange tambouille, qui tombe par terre à longueur de journée et qui se tape des trips solitaires en forêt, le film a de quoi en endormir plus d'un. Cette sensation est renforcée par des personnages secondaires peu crédibles et des scènes, comme celle avec les deux homosexuels (chère au réalisateur), dont l'inutilité est flagrante.
Cependant, entre ce quotidien de drogué, banal et ennuyeux, Van Sant parvient à nous livrer quelques moments d'une criante vérité. On pense ainsi à la scène d'écriture d'une chanson et à ces deux magnifiques scènes où Blake joue seul en live. A ces instants, on ressent parfaitement ce qu'est le processus de création d'où le génie peut naître. La souffrance et la détresse du chanteur-compositeur transparaîssent formidablement.
Malheureusement, entre ces moments passionnants, Last Days se complaît largement trop dans la l'évocation superficielle de son sujet et dans sa réalisation insupportable de prétention. Car il faut bien préciser que si le film n'était pas de Gus Van Sant, le réalisateur internationalement connu et reconnu pour Prête à Tout, Will Hunting ou encore A la rencontre de Forrester, personne ne se gênerait pour dire qu'il se moque véritablement du monde avec la profusion de plans fixes qui sont censés en dire beaucoup.
On regrettera à moitié le choix de Michael Pitt (vu dans Dawson, Bully ou encore Les Innocents) pour jouer le rôle principal. En effet, s'il excelle dans l'interprêtation dérangée de son personnage, son physique de jeune bellâtre pêche face au charisme d'un Cobain.
Une fois de plus, Gus Van Sant montre qu'il est à vomir d'opportunisme. Après l'impensable remake de Psycho et l'inutile Elephant (la vidéo de sécurité montrant la fusillade de Columbine résumant tout le film), il surfe sans complexe sur la nostalgie « Nirvanesque » pour s'assurer un beau succès en Europe.