6.5/10Babylon A.D.

/ Critique - écrit par Nicolas, le 21/08/2008
Notre verdict : 6.5/10 - A l'ombre de La Haine (Fiche technique)

Tags : film babylon kassovitz mathieu cinema vin diesel

Babylone, la ville de tous les péchés. Vouloir faire un film d'action en Amérique en est-il un ? Certains diront oui, certains diront non...

Cela n'est guère mis en avant, mais le film de Kassovitz est l'adaptation d'un roman de Dantec, Babylon Babies, lui-même succédant à un autre roman de Dantec, La Sirène Rouge, également adapté au cinéma par Olivier Mégaton. En recoupant les informations, si les deux films n'ont a priori pas de connexion explicite, on peut en déduire que Vin Diesel succède à Jean-Marc Barr dans le rôle principal. Funny, n'est-il pas ?

Dans un avenir immédiat, où le monde n'est que Chaos et sur-urbanisation, le mercenaire vétéran Toorop (Vin Diesel) voit enfin sa porte de sortie : le mafieux Gorsky (Gérard Depardieu) lui offre un passeport falsifié pour les Etats-Unis, en échange de quoi il escortera la jeune Aurora (Mélanie Thierry) à New York, pour un traitement médical. Celle-ci, outre une naïveté désarmante construite par une vie d'isolement, affiche bientôt de sérieux troubles psychiques...


"Depardieu ? Yeoh ? Mais je suis où, moi...?"
Aviez-vous remarqué que les initiales de Babylon A.D. nous donnaient « BAD » ? Accouplées aux rumeurs négatives persistantes précédant le film, on pouvait légitiment s'attendre à une médiocrité toute relative et à un jeu mot évident destiné à la critique. Pourtant, même si le bien-fondé de tout ce que vous avez pu entendre sur le film est partiellement vérifiable, et même s'il n'est en rien la claque attendue, Babylon A.D. n'est pas complètement raté, pour peu que l'on puisse en juger. En fait, il s'agit d'apprécier ce qui nous est montré : la bande-annonce nous présentait un film d'action bien pétaradant, la présence de Vin Diesel confirmait la tendance, nous aurons bel et bien sous les yeux un film d'action efficace avec des explosions et des bagarres filmées sous ecstasy. Kassovitz montre même un plaisir évident à poser sa caméra devant un tel déferlement pyrotechnique, négligeant les scènes plus douces avec dédain pour mieux balader sa caméra dans la bataille suivante. Il cumule également les effets de style, parfois re-pompés sur son Gothika, et s‘amuse à faire traverser les vitres à sa caméra.
La forme générale gagne également en qualité par un casting judicieux et très international, unissant l'américain Vin Diesel aux frenchies Mélanie Thierry et Gérard Depardieu, la très britannique Charlotte Rampling à l'asiatique bondissante Michelle Yeoh. Dans l'ensemble, c'est pas mal joué, ou tout du moins assez potable en considérant le vide profond de certaines personnages.
Car si l'aspect extérieur est beau à voir, l'intérieur souffre d'un profond manque de considération. Tout y passe, du moment que l'être humain peut être malmené : clonage, religion, manipulation génétique, publicité outrancière, asservissement des masses, conflits en tout genre, etc etc. Beaucoup de thèmes forts, parfois effleurés, parfois carrément pointés du doigt, mais qui ne laisse pourtant aucune piste de réflexion ni même d'engagement. En fait, l'impression de « prétexte à la bagarre » demeure tout le long, et on se surprend (presque) à attendre de les voir finir leur bavardage pour voir les motards et les hommes en costume noir se friter la tronche joyeusement (parce qu'ils sont là pour ça, nous l'avons bien compris).

Kassovitz est joyeux de retourner derrière la caméra, c'est un fait évident, tellement heureux qu'il nous gratifie d'un feu d'artifice visuel très convaincant. L'intrigue, pour sa part, accuse un retard conséquent, puisque de nombreux films ont déjà dissertés sur le sujet avec des propos plus persuasifs. Surtout, on se demande un peu où est passé le Kassovitz des années 90, révélé au grand public par La Haine, qui semblait arriver plus facilement à trouver un compromis entre fond et forme. La moulinette américaine ? A n'en pas douter...