4.5/10Astérix et les Vikings

/ Critique - écrit par JC, le 12/04/2006
Notre verdict : 4.5/10 - Potion magique frelatée (Fiche technique)

Tags : asterix film vikings animation goudurix obelix films

Astérix chez les Vikings n'a pas la saveur de la bande dessinée originale. Passé 10 ans, tout à jeter.

Flashback. Astérix. Un des piliers du neuvième art français par le duo Uderzo/Goscinny. Du véritable concentré de souvenirs que ce soit à la bibliothèque municipale, chez soi ou chez les copains. Les dessins animés tirés de la bande dessiné ? Idem, des réminiscences de fins d'après-midis de vacances scolaires, généralement à la Toussaint ou Noël. Les voix de Roger Carel et de Pierre Tornade mêlées à de la rosserie de Romains. Cela avec comme fil conducteur une animation passable compensée par une avalanche de gags bon enfant. Bref de quoi rendre mélancolique un nombre conséquent de personnes entre 20 et 40 ans.

En 2006, Astérix et Obélix reviennent sous la forme d'un film d'animation, Astérix et les Vikings, et non comme long métrage avec acteurs "réels" tels Astérix et Obélix contre César (1998), Astérix et Obélix : Mission et Cléopâtre (2001) ou le futur Astérix et les Jeux olympiques (2008). Un événement depuis 1994 et Astérix chez les Indiens.

Confiée aux Danois Stefan Fjeldmark et Jesper Moller, cette relecture ciné d'Astérix et les Normands a mis quatre années à voir le jour. De quoi chiader les graphismes et l'adaptation du scénario.


Dans la version originale sur papier, les Vikings cherchaient à connaître la peur, ce sentiment qui ne les a jamais effleuré. Ils traversaient alors les mers pour finalement s'amarrer en Gaule. En Armorique plus précisement, près d'un célèbre village résistant au joug de Rome. Un paisible bourg où vient d'arriver Goudurix, titi de Lutèce et neveu du chef du village, Abraracourcix. Un jeune homme nombriliste, "in" et surtout... peureux.

Astérix et les Vikings a repris grosso modo la trame originale du neuvième épisode des aventures des Gaulois en ajoutant un séjour d'Astérix et Obélix en Scandinavie et un triangle amoureux entre Goudurix, Olaf, un Viking demeuré, et Abba, la fille du chef nordique Grossebaf.

Potion magique frelatée


La transposition de l'oeuvre de Goscinny et Uderzo sur grand écran a conduit à un formatage pur et simple. Graphisme, scénario, l'ensemble fait très mauvais Disney. Astérix et les Normands, bête et méchant mais surtout jouissif, est devenu une machine à bons sentiments avec ce que cela implique : une histoire d'amour fleur bleue et une morale lénifiante.

Plus le récit avance, plus l'esprit de la bande dessinée disparaît. Arrivé à la fin, on s'enfonce même dans la mièvrerie totale. Après quelques trouvailles comiques intéressantes dans la première demi-heure comme le pigeon SMS, la boîte de nuit viking, et le personnage d'Olaf, brute écervelée aux répliques débiles, il ne reste qu'un goût d'amertume et ce raccourci facile mais réellement applicable ici du "c'était mieux avant".

Réaction de réac' en devenir habituellement, c'est pourtant ce qui vient naturellement à l'esprit après avoir vu le film. Toute personne ayant lu les volumes d'Astérix ou/et vu les premiers films d'animation tirés des aventures des Gaulois ne pourra qu'arriver à cette conclusion. Et c'est logique pourtant. Astérix et les Vikings n'a été conçu que pour ceux qui n'ont que peu ou prou parcouru l'univers des amateurs de potion magique : les enfants. A partir d'ici, nuançons le jugement, Astérix et les Vikings remplit sa fonction, celle d'être un dessin animé pour moins de douze ans. Simplement. Aficionados de l'univers de la saga, ne cherchez donc pas à vous y retrouver, préférez relire l'album original (vous pourrez même choisir votre bande son - qui devrait être meilleure qu'Amel Bent, Billy Crowford, M Pokora et Céline Dion présents sur la BOF).

Astérix et les Normands avait l'avantage de la double lecture. Entre 8 et 11 ans, il s'appréciait au premier degré : une aventure rigolote et rythmée. 10 ans après, il se révélait comme une oeuvre très référencée, pleine de jeux de mots autour de la polysémie de "Normandie" et de clins d'oeil à la rivalité Paris/Province. Astérix chez les Vikings n'a pas cette saveur, c'est un dessin animé bien brave au niveau de lecture au ras des pâquerettes. Passé 10 ans, tout à jeter.