Arthur et les Minimoys
Cinéma / Critique - écrit par Nicolas, le 23/11/2006 (Tags : arthur minimoys besson film luc animation monde
Et de dix ! Luc Besson l'a annoncé, il prendrait sa retraite de réalisateur culte après son dixième film, même s'il a avoué pouvoir reprendre la caméra en main en cas de production d'un Arthur 2 et 3 (et oui, encore un film pensé comme une trilogie). Après le métro parisien, les fonds marins, le futur, et les longues jambes de Rie Rasmussen, voici les Minimoys (prononcez « minimoillze »), où comment un réalisateur plutôt porté sur les films pour adultes se tourne soudainement vers l'innocence enfantine. Une carrière plutôt éclectique au final, qui s'achève dans une qualité toute relative...
Freddie HighmoreArthur (Freddie Highmore) vit chez sa grand-mère (Mia Farrow), plongé dans les aventures merveilleuses de son grand-père. Celui-ci, porté disparu, aurait dissimulé un trésor sur la propriété familiale, une petite fortune qui pourrait bien payer les dettes. Arthur se met alors en tête de retrouver la trace du trésor, grâce aux informations laissées par son grand-père : selon celui-ci, un peuple minuscule du nom de Minimoys vivrait sous terre, et l'ouverture du passage vers leur monde serait imminente...
Mylène Farmer ?L'histoire d'Arthur et les Minimoys, telle qu'est traitée dans le film, ressemble plus ou moins à une petite nouvelle alignant les évènements importants de l'intrigue et les ponctuant uniquement de virgules. Comme si le réalisateur, Luc Besson pour ne pas le citer, avait mis en boîte plus de deux heures de métrage pour finalement décider de se restreindre à moins de cent minutes. Une durée s'expliquant sans doute par le choix du public visé, qui ne devrait pas dans la majeure partie des cas dépasser le mètre cinquante. Dès le début, le récit s'enchaîne à une vitesse folle, empile les informations importantes sans ralentir d'un poil, et propulse le spectateur dans l'univers imaginé par Luc Besson (à partir d'une idée de Céline et Patrice Garcia). Et en deux coups de cuillère à pot, notre Arthur devient Minimoy, rencontre le roi, la princesse, essuie une attaque d'insectes vindicatifs, pour ensuite partir directement à l'aventure dans une quête simpliste et manichéenne. Un rythme effréné, qui a au moins le mérite de capter l'attention à défaut de faire fonctionner les cellules grises, rien de bien étonnant à partir du moment où l'on considère Arthur et les Minimoys comme un produit uniquement destiné au plus jeune âge. Les adultes retrouveront bien quelques références faciles au cinéma contemporain, tombant un peu comme une touffe de cheveux sur la bonne soupe de grand-mère, et s'épuiseront rapidement à énumérer tous les clichés du genre : le jeune héros mignon et débrouillard, la jolie princesse pas très sociable, le petit rondouillard sympathique, le bon roi un peu gâteux, des vilains très crétins, et un chef des vilains cruel et bavard.
La réalisation de Luc Besson, toujours aussi professionnelle, encadre parfaitement le talent d'un Freddie Highmore qui collectionne les grands réalisateurs sans sourciller (Ridley Scott, Tim Burton, Jean-Jacques Annaud, Marc Forster, et maintenant Luc Besson), et donne une petite touche plutôt agréable aux scènes entièrement numériques. Celles-ci, créées à partir de prises de vues réelles filmées par Luc Besson dans un environnement adapté, se montrent parfois très impressionnantes, principalement dans le rendu des mouvements et des expressions du visage. Dommage que l'univers si spécial des Minimoys ne soit guère plus mis en avant, la faute probablement au rythme de course infligé au film. Même la musique, de jolis morceaux composés par Eric Serra, s'y scotche tout le long comme si elle craignait de perdre le fil de l'histoire, ne laissant que quelques minutes de répit à un spectateur qui ne peut écouter la partition que d'une oreille distraite.
Destiné clairement aux plus petits, Arthur et les Minimoys a toutes les qualités pour séduire le jeune public, mais aussi tous les défauts qui indisposeront plus ou moins les grandes personnes. Si la réalisation (prises réelles et 3D) et le talent des acteurs font merveilles, le rythme (trop) soutenu de l'action et la quasi-absence de second degré ont de quoi poser problème sur la longueur, pourtant peu importante.