Angel-A
Cinéma / Critique - écrit par Nicolas, le 21/12/2005 (Tags : film besson angel luc cinema films paris
l'ange ingrat
Luc Besson l'a dit : il ne tournerait que 10 films dans sa carrière. Ce qu'il ne nous a pas dit, c'est qu'entre ses propres réalisations, il s'assoirait sur des paquets de fric en produisant des concepts porteurs mais pour une bonne partie crétins au possible. Huit ans après Jeanne d'Arc, il revient pour reprendre les choses en main, autrement dit la caméra, et enroule d'un joli paquet de mystère son nouveau film très attendu, qui a le curieux mérite de prendre Jamel Debbouze en tête d'affiche. En entrant dans la salle, « on » n'en sait donc pas beaucoup et « on » a un peu les foins, car curieusement, la bande-annonce ne nous a pas rassuré.
André (Jamel Debbouze) rate tout ce qu'il entreprend. C'est lui-même qui le dit. Et par malheur, il est incapable d'éviter les embrouilles. Criblé de dettes, menacé de mort, la seule issue qu'il entrevoit est le fond brumeux de la Seine. Et c'est justement à cet instant qu'entre dans sa vie Angela (Rie Rasmussen), une blonde calibrée canon qui le scotchera contre toute attente. Et si sa présence importune dans un premier temps la petite vie déjà pas rose d'André, celui-ci s'apercevra vite que l'existence est plus facile avec Angela dans les parages...
On m'a un jour appris que pour critiquer quelque chose ou quelqu'un, si on souhaitait le faire avec tact bien entendu, il était de rigueur de commencer par les points forts. Alors, commençons par les points forts. Le premier, faire de Paris quelque chose qui ne ressemble pas vraiment à Paris (et c'est certainement l'automobiliste aigri qui parle). Les rues sont vides de monde, vides de voitures, vides de klaxons, une sérénité noire et blanche règne sur la capitale en opposition avec ce qu'elle est réellement. Ca, c'est dit. Passons au second : Jamel est un acteur. Un acteur capable de marier l'humour un peu alternatif qui a fait de lui le comique que nous connaissions, et le dramatique maîtrisé, ce qu'il aura la bonté de nous prouver dans les deux trois scènes très attachantes du film (notamment cette jolie scène où Jamel se voit forcé de se dire « je t'aime » à lui-même). Troisième point fort, Besson sait réaliser. Il ne prend pas tellement de risques, n'innove surtout pas non plus, mais il sait construire une histoire et la partager. Voilà, je pense que j'ai fait le tour du positif, alors attaquons sans plus attendre le négatif : Besson fait du Besson. Pas celui de Léon ou de Nikita, malheureusement, mais celui qu'il a construit en toutes ces années d'inactivité. Résultat, une histoire plutôt niaise basée sur une philosophie de comptoir assez réductrice, même si elle est traitée avec entrain et motivation. Ce qui nous force à nous empiffrer des kilomètres de scènes bavardes réduites à trois ou quatre plans récurrents, bien obligés pour suivre de se cramponner aux lèvres de Rie Rasmussen qui a beaucoup de mal avec l'accent français (remarque personnelle, je l'accorde). Après un certain temps, on implore presque pour qu'il se passe quelque chose, un truc nouveau et inattendu pour relancer l'intérêt du film. Et en plein milieu du film, notre voeu est exaucé : un truc nouveau et inattendu arrive, mais non pas pour relancer le film, juste pour l'alourdir un peu en plomb. L'idée, bien que commune, n'était pas mauvaise, mais fait pencher le film du mauvais côté de la balance. On est tenté d'utiliser le mot « ridicule », mais il serait bien trop fort, surtout que la réalisation lui donne son petit côté « crédible » (bien considérer les guillemets).
Ca commence en buddy movie, ça tourne sec en plein milieu, et ça finit dans la niaiserie pas folichonne, voilà le constat du neuvième film bessonien. On ne peut pas dire qu'il ne reste pas fidèle à lui-même (la présence des « flics neuneus » en est la preuve), mais on ne peut pas dire non plus que l'aura de mystère générée autour du film lui ai donné quoique ce soit en qualité. Pas mémorable.