American Pie : marions-les !
Cinéma / Critique - écrit par Nicolas, le 16/10/2003 (Tags : american pie film jim stifler marions comedie
Il serait important, un jour prochain, et pour conserver l'intérêt d'une séance cinématographique qui subit de plus en plus l'influence des suites de suite, de comprendre une bonne fois pour toutes que les blagues les plus courtes restent vraiment les meilleures. C'est ce qu'on avait dit aux créateurs d'American Pie, après le deuxième, ou tout du moins c'est le message que l'on avait essayé de transmettre. Quelle déception de constater que malgré toute la bonne volonté et la sagesse que l'on puisse y mettre, un conseil aussi avisé demeure complètement ignoré ! « Si on les mariait ? » « Ouais, marions-les ! Et qu'on en finisse ! »
Jim (Jason Biggs) saute enfin le pas ! Après un dîner un peu mouvementé, il demande enfin la main de sa bien-aimée Michelle (Alyson Hannigan), et se réjouit de fêter cette union en compagnie de ses amis Kevin (Thomas Ian Nicholas) et Finch (Eddie Kaye Thomas). Ecarté de la petite sauterie pré-nuptiale, Stiffler (Sean William Scott) s'incruste parmi les convives et commence à mettre la pagaille dans les relations parents-gendre. Mais, malgré le trouble-fête maintenant au courant des noces à venir, il est important que Michelle obtienne le mariage de ses rêves, ce qui ne sera pas de la tarte toute cuite...
Probablement consternés par l'indigeste plat qu'on leur a présenté, Tara Reid, Shannon Elizabeth, Mena Suvari et Chris Klein ont préféré esquiver le massacre et se tenir loin, très loin de la Pie Party ; chose que l'on comprend aisément. Ce n'est pas que le troisième va encore plus loin, l'exploit serait difficile (quoique n'oublions pas Van Wilder), mais chaque seconde transpire d'une neuneusité ou d'une niaiserie, au choix, à nous faire regretter d'avoir choisi la Tarte au lieu des Mauvais Garçons (numéro 2). Soit-disant « étape supérieure dans la logique des American Pie » (après le sexe (1) et le sexe/scato (2)), le synopsis tourne donc autour des mésaventures pré-nuptiales de Jim & Michelle, s'apprêtant à s'unir for ever and ever et du même coup à boucler la trilogie (à moins d'un quatrième opus idiot du genre « Mettons-les à la retraite », ou pire, un prequel « Mettons-les à l'école primaire »). Jason Biggs, en bon fiancé (un poil amaigri), se montre quasi-présentable et semble presque se forcer à faire une ou deux stupidités pour conserver « l'esprit » de la série. Après tout, il est le personnage central, s'il ne se rasait même pas les poils pubiens, où irait l'Etat de Californie ? Michelle grimace, Kevin fait dans la figuration, et Finch sourit à deux ou trois reprises. Qui reste-t-il ? Vous l'avez deviné, bande de joyeux drilles, l'ami Stiffler prend du galon et devient la locomotive du film. Effacez-le, et il ne vous restera qu'une comédie romantique d'un quart d'heure sans aucun quiproquo. Point positif de cette mise en avant : les quelques séquences où le polisson tente tant bien que mal de se faire passer pour respectable et bien élevé, dans le but avoué de déflorer la somptueuse soeur de la mariée. Points négatifs : tout le reste. Le Stiffler de base était un abruti fini doublé d'une bête en rut dans le premier, on a multiplié les éléments du cocktail par deux dans la suite, qu'à cela ne tienne, le troisième sonnera son apogée (non) comique. Reconverti en ersatz de Travolta pour une séquence de danse absolument pitoyable dans une boîte gay, la bouche pleine d'excréments canins, surpris en pleine activité sexuelle avec la grand-mère, Stiffler donne de sa personne et entraîne le film au fond du lac telle une pierre. Une énorme pierre. Un roc. « Que dis-je un Roc ! ». Je vous laisse imaginer la partie « politiquement correct » du film, les aléas du mariages et les petites frivolités que l'ont aurait pu espérer d'une comédie sentimentale de base, au milieu de la cascade de déjection imaginée par les scénaristes visiblement de plus en plus fiers de leur « art ».
Horrible de bout en bout, la tarte américaine cuvée 2003 bâcle son final côté esthétique mais demeure inégalée dans la médiocrité de son humour. Pire, les géniaux géniteurs poussent le bouchon un tout petit peu plus loin avec la tête à claques Stiffler et lui infligent le maximum d'entourloupes salaces qu'ils auront pu imaginer, faisant du crétin fini le principal rameur de ce radeau destiné à couler. Brûlons-les, pendons-les, noyons-les, mangeons-les, coulons-les dans le béton, mais qu'on ne les revoit plus jamais !