A la recherche du bonheur
Cinéma / Critique - écrit par Nicolas, le 31/01/2007 (Tags : smith will bonheur film recherche jaden chris
Le bonheur est dans le prêt
A la Recherche du Bonheur est avant tout un livre autobiographique retraçant le véritable parcours de Chris Gardner, mis à la rue avec son enfant encore en couche-culotte. L'homme, à force de détermination et de sacrifices, parviendra à remonter la pente et finira à la tête d'une fortune confortable et d'une entreprise très prospère. Quelques réécritures plus tard, l'histoire devient un scénario, celui d'un film mis en scène par le réalisateur italien Gabrielle Muccino (Juste un Baiser, entre autres) et porté par le nom très vendeur de Will Smith. Une grosse sortie, cela va sans dire, qui a le mérite (tout comme Blood Diamond à la même date) de proposer un véritable fond sans couvert de produit hollywoodien.
Chris Gardner (Will Smith) et sa famille, accablés de dettes, ne parviennent pas à sortir la tête de l'eau : la mère (Thandie Newton) travaille seize heures par jour, le père fait du porte à porte en espérant refourguer un scanner dernier cri assez peu populaire, tandis que le fiston (Jaden Smith) passe ses journées dans une garderie un peu miteuse. Trop, c'est trop, maman s'envole pour New York en laissant le père et le fils à la précarité de leur situation, qui ne fait qu'empirer. Sur la corde raide, Chris va tenter le tout pour le tout : il s'inscrit au stage de formation d'une des plus prestigieuses agences de courtage en bourse...
Le titre ne trompe pas, ce n'est pas tant le bonheur qui nous sera montré par le périple sinueux de Chris Gardner, mais davantage la volonté et les sacrifices pour y parvenir. Celui-ci doit-il obligatoirement être associé à la fortune, au statut social ? Apparemment, l'argent joue un rôle prépondérant dans la vie de Gardner, qui voit sa famille éclater en morceaux alors que sa précarité devient de plus en plus insupportable. Ce qui le pousse à endurer un pénible stage sans la moindre source de revenu, avec au bout du compte une promesse d'embauche très sélective, et intrinsèquement, le retour à la dignité. Le film, tout du long, ne verse pas dans la comédie. Il n'arrache ni sourire, ni larme, mais laisse derrière une impression très froide, une sorte de malaise doublé d'une pointe de crainte.
Tandis que la liste des déboires de Gardner s'agrandit au fur et à mesure de l'histoire, l'espoir persiste dans les yeux de son enfant. Jaden Smith, véritable rejeton de l'acteur Will Smith, livre une performance étonnante de justesse face à son père fictionnel et réel, une complicité évidente qui confère à cette success-story un peu de profondeur et propulse le film dans une sphère supérieure.
Un nouvel étage est atteint en découvrant la composition de Will Smith, très loin des rôles pétaradants dont il a l'habitude. Avec sobriété, l'acteur incarne un être humain désespéré, fragile, indécis, mais néanmoins déterminé à sortir son enfant de la spirale infernale qui ne semblent pas vouloir les lâcher tous les deux. Le casting père et fils Smith s'impose de lui-même, prend ici toute sa mesure. Gabriele Muccino encadre parfaitement son panel d'acteurs, même si sa réalisation demeure sage tout au long du film. Un peu trop sage peut-être, puisque quelques longueurs apparaissent ici et là, à moins que ce ne soit quelques ralentissements de rythme dans un film judicieusement assemblé ? La photo, quant à elle, offre une image imprécise, un peu terne, renforçant du même coup la reconstitution impeccable du San Francisco des années 80.
Une success-story relativement classique bien que basée sur une histoire vraie et à peine adaptée, qui ne penche jamais ni vers la comédie ni vers le drame. Will Smith démontre enfin ses talents d'acteur tout en offrant un superbe premier rôle à son rejeton Jaden. La relation père et fils n'en est que plus crédible.