5/1028 jours plus tard

/ Critique - écrit par Djak, le 30/05/2003
Notre verdict : 5/10 - Une descente en Enfer (Fiche technique)

Tags : film plus jours tard boyle danny jim

La différence France/Angleterre se fait une fois de plus ressentir. Après une divergence d'opinion concernant la guerre en Irak, les voilà se disputant sur un tout nouveau champ de bataille : le cinéma.
Ainsi, d'un côté le pays des libertés nous propose dès le 4 juin le film BISON, tandis que outre manche on préfère pencher pour un film sur les ZOMBIS ! Pour ma part, le choix entre ces deux productions n'a pas été difficile et j'ai donc trahi, une fois n'est pas coutume, ma patrie pour aller visionner le nouveau film de
Danny Boyle (La plage, Trainspotting).


Un commando pour la protection et la sauvegarde des animaux réussit à s'infiltrer dans un laboratoire secret anglais. Malheureusement, tout ne se passe pas comme prévu. Tout d'abord, ils se font repérer par un jeune scientifique. Puis, de mal en pis, celui-ci les implore de ne pas libérer les primates car ils sont contaminés par un virus mortel : "la fureur" ! Enfin, comble du malheur pour l'équipe de "la paix verte", les jolis chimpanzés se retournent effectivement contre leurs sauveurs et les massacrent.
28 jours plus tard... cette peste d'un tout nouveau genre s'est répandue comme un feu aux poudres, Londres est complétement désertée, une vraie "ville fantôme". Pourtant, de rares rescapés tentent toujours de survivre aux contaminés. C'est dans ce contexte que Jim sort alors du coma... il va devoir lui aussi apprendre à survivre dans ce milieu hostile.

LE PARADIS

1ère demi-heure, Danny Boyle créa le paradis...
Enfin c'est l'impression que j'ai eu dans mon fauteuil. En effet, tout comme Jim, on ne comprend rien à ce qui nous arrive, on ne sait pas ce qui va nous tomber dessus. Bref, on est perdu. Pour autant, on se sent étrangement bien. Heureux de ne pas avoir perdu son argent et son temps, content de découvrir un film qui se démarque du lot des autres productions. Danny Boyle nous balade dans cette nouvelle histoire, on s'identifie alors au pauvre Jim (interprété par Cillian Murphy), on est au début curieux, puis inquiet, pour finir complétement désemparé. On ne comprend rien. Mais le réalisateur nous permet par l'intermédiaire de son héros de nous faire découvrir cette ville, ce qui s'est passé pendant ces fatidiques 28 jours. Un petit détail par-ci par-là... On se recale alors au fond de son fauteuil, un sentiment paradoxal nait doucement alors en nous. Un sentiment presque malsain mais fondamentalement différent car je n'ai aucune envie de sortir de la salle, je suis bien mais tendu, j'attends la suite avec impatience. C'est sur cette corde que Danny Boyle nous fait avancer dans son récit. Aidé par l'acteur principal et son formidable jeu, mais aussi par l'utilisation de la caméra numérique qui donne d'après le réalisateur, une ambiance décalée et réaliste, Danny Boyle réussit donc magnifiquement son contrat.


La longue marche du Purgatoire...

1ère heure: Danny Boyle créa le doute...
Puis, vient le temps de l'exode. Adieu sweet London... Mais aussi adieu climat oppressant. Londres sans habitant, c'est carrément glauque, ça installe une ambiance unique. Mais la campagne vide ça n'a rien de choquant, on se retrouve en territoire connu. De plus, retrouver cette verdure et ces couleurs cassent complétement l'ambiance du film. En outre, le pélerinage de ces quelques rescapés de Londres vers le refuge tant espéré prend dès les premières minutes des allures de road movie. Mr Boyle a beau faire des efforts et nous remettre une saucée de petits zombies et lieux clos, la mayonnaise ne prend plus. Malheureusement on est tout bonnement retombé sur Terre, la porte du Paradis s'est refermée d'elle-même, on nous a coupé nos ailes !
A un moment je me suis quand même demandé si le réalisateur n'avait pas fait exprès de casser le rythme mais vue la suite je crois qu'il a tout simplement raté son film ou en tout cas l'a mené dans une direction que je trouve grotesque et décevante à mon gout (et vu la mine déconfite de mon voisin et ses innombrables soupirs je pense qu'il devait songer la même chose).

...Pour tomber en Enfer

Dernière demi-heure: Danny Boyle créa l'horreur...
Horreur mais aussi erreur. Car ce n'est pas le film ni les zombies qui font peur mais la qualité du scénario qui s'écroule complétement. A partir du moment où nos petits rescapés arrivent à Manchester et retrouvent le camp militaire, le réalisateur nous entraîne dans une suite de scènes de mauvais goût, où la violence gratuite est omniprésente. Certes, on voit le héros évoluer, on nous tend des perches afin que l'on se pose des questions sur le comportement humain, sa place sur Terre, sa mission... Mais ces questions sont vites mises à la trappe pour faire place à des scènes dignes des fausses productions d'horreur françaises pseudo angoissantes.
Et encore, je vous épargne la fin, digne d'une production de Disney, affligeante. Les cinq dernières minutes du film, on ne cesse de se dire : "il va pas le faire quand même". Et ba si, il le fait. Là Danny Boyle finit en beauté son film. Une cohérence infaillible, un début sublime, une dégradation continuelle de l'intérêt pour finir dans la gnangan. Peut-être un message d'espoir destiné à l'humanité?

Après cette séance catastrophique, j'ai beau chercher des excuses au réalisateur mais franchement je suis face à un trou noir. Les qualités du film et ses bonnes idées de base sont vite recouvertes par tous ses défauts.
Dommage, car cela partait vraiment bien. Une grosse déception.