6/10Zion & son frère

/ Critique - écrit par riffhifi, le 20/07/2009
Notre verdict : 6/10 - Microzion (Fiche technique)

L'adolescence difficile d'un jeune Israélien au sein d'une famille aimante mais déconstruite. L'étude de caractères est intéressante mais le contenu du film ne pèse pas bien lourd.

Avec Zion et son frère, le jeune réalisateur israélien Eran Merav (33 ans) signe son premier long métrage, bénéficiant d'une production de mk2 (et donc d'une distribution internationale, notamment en France) et de la présence de Ronit Elkabetz, actrice très populaire que l'on a vu cette année dans La fille du RER d'André Téchiné, et qui co-réalisait l'an dernier le film Les 7 jours.

Zion a quatorze ans, et vit entre sa mère divorcée et son frère de dix-sept ans, Meir. Le quotidien n'est pas toujours facile, car la famille n'est pas riche et l'adolescence émergente de Zion est étouffée par celle de Meir, avec ses pulsions de violence, ses maladresses et son égoïsme irréfléchi.

Tel frère, tel frère.
Tel frère, tel frère.
Racontée à hauteur humaine, sans surcharge de violon ni envolée lyrique, l'histoire est d'une simplicité qui nuit presque au film. Outre les trois membres de la famille, les personnages se résument à un beau-père d'un machisme caricatural, une minette trop vieille pour sortir avec Zion mais trop jeune pour subir les assauts de Meir, et un camarade de Zion d'origine éthiopienne... Si le drame se noue autour de ce dernier, le scénariste-réalisateur prend soin de ne pas faire basculer l'ensemble dans l'intrigue policière ou le thriller glauque, confinant les réactions et les péripéties à l'étude des caractères en présence. Les deux fils tentent de se bâtir une virilité pour pallier l'absence de leur père (figuré par une cabine téléphonique, on ne le verra jamais), et leur mère s'ingénie à maintenir avec eux un lien qui se distend progressivement.

Au-delà de l'observation de l'adolescence, avec moins d'humour que chez les Beaux gosses de Riad Sattouf, Merav se plaît à décrire les relations entre les deux frères, aux tempéraments différents mais au lien indéfectible. Dommage que cette observation n'ait pas été un peu plus poussée, laissant sur sa faim un spectateur laissé perplexe par une dernière scène qui ne conclut rien. Sans verser dans le pathos, il y avait matière à terminer le récit avec autrement plus de force, ou du moins de pertinence.

Remarqué au dernier festival de Sundance, Zion et son frère pourrait être la première pierre d'une filmographie sensible et éveillée. Mais en tant que tel, le film manque un peu trop de substance pour faire grimper aux rideaux.