7/10La Vierge, les Coptes et moi

/ Critique - écrit par Noub, le 15/10/2012
Notre verdict : 7/10 - Où est Marie ? (Fiche technique)

Tags : film namir vierge abdel cinema messeeh coptes


Où est Marie ?
Un appartement parisien en plein hiver : Namir fête Noël avec sa famille copte qui a quitté l'Égypte dans les années 1970. La soirée se déroule, cliché après cliché, entre les restes du repas, les pères Noël lumineux et le visionnage d’une vidéo amateur. On y voit un immense rassemblement autour d’une l’église en Égypte, un soir où la vierge est apparue à des centaines de milliers de personnes. À la vue d’un plan flou sur le beffroi de l’église, Siham, la mère de Namir, se dresse toute droite sur son fauteuil, frappée par l’apparition de la vierge. Namir, lui, ne voit rien... Intrigué, il décide de partir pour l'Égypte filmer la vierge, ceux à qui elle est apparue et tout ce qui se trouve entre les deux.

C’est un film de merde

Voilà ce que Siham ne cesse de répéter à son fils, en parlant du film qu’elle l’aide malgré tout à tourner et qui se trouve être aussi le film que nous, spectateurs, sommes en train de voir. Film dans le film, La Vierge, les Coptes et moi… use de façon décomplexée de l’autodérision et prend le parti de révéler au public, avec une bienveillance joyeuse, les affres de la réalisation. Car si Namir décide d’aller en Égypte, c’est aussi parce que ce jeune réalisateur voit dans ces histoires d’apparition un bon sujet pour son premier long métrage. Nous sommes donc invités à une rencontre entre la grande histoire - l’apparition de la vierge au lendemain de la Guerre des Six jours dans l'Égypte de Nasser - et la petite, celle de Namir et la succession d’embrouilles qui le mène à la réalisation de son film dans l'Égypte d’aujourd’hui.


Casting de Vierges

Le thème des Coptes, aussi bien que celui qu’on qualifie improprement de « retour au pays », pouvait faire craindre un certain nombre de traitements stéréotypés dans lesquels le film ne tombe pas. La difficulté du quotidien des chrétiens est abordée sans simplifications ni polémiques, et la partie filmée dans la famille de Namir qui vit dans la région du Saïd – plus rurale et pauvre qu’ailleurs en Égypte – l’est dans le refus du misérabilisme et de l’exotisme. L’affection mutuelle et surtout l’humour qui imprègnent ces scènes permettent de concentrer notre attention sur ce qu’il y a de vraiment essentiel : comment reconstituer une apparition de la vierge avec des acteurs non professionnels et un budget minuscule ? Si beaucoup d’enfants de l’exil, d’où qu’ils viennent, se reconnaîtront dans ce film avec un mélange de joie et de soulagement partagé, La Vierge, les Coptes et moi… devrait prendre tous les autres agréablement au dépourvu. Malgré quelques plans qui dénotent par leur esthétisme trop recherché – grand-mère en traveling arrière accéléré, photos de famille en plans fixes – c’est une œuvre qui touche parce qu’elle est honnête et personnelle. Une belle première conception où l’on rit et l’on s’amuse, pas immaculée pour un sou.


Final cut en famille.